Les présumés ravisseurs de l’opérateur économique El Hadj Abdourahmane Diallo dit El Hadj Doura sont de nouveau devant le juge au tribunal de première instance de Dixinn ce 1er novembre.

Ce lundi, Oury Diallo a été le premier à passer à la barrre. Ce bouvier, accusé comme les autres prévenus «d’association de malfaiteurs, d’enlèvement, de séquestration, de complicité, de recel, d’abstention délictueuse, de blanchiment de capitaux», a été interpellé en 2018 dans la sous-préfecture de Koumbia, conduit à Gaoual, puis à Boké avant d’être transféré à Conakry. A la barre, il plaide non coupable et assure s’être retrouvé en prison à cause d’El Hadj Mamadou Diallo : «Les gendarmes m’ont arrêté au centre-ville de Koumbia. Ils m’ont dit que je parlais avec une personne recherchée, ils m’ont montré la photo d’El Hadj Mamadou Diallo (un des cerveaux du kidnapping, ndlr), je leur ai dit qu’on s’est vu une seule fois en ville. Ils m’ont demandé de les aider à mettre main sur lui. Je leur ai dit que je ne le voyais plus. Ils m’ont frappé, je me suis évanoui et me suis retrouvé à l’hôpital. J’ai été transféré à Gaoual, ensuite à Boké où j’ai fait deux semaines avant d’être transféré à Conakry.»

Pourtant, Oury Diallo a été interpellé, parce que les enquêteurs ont pu retracer des contacts entre lui et El Hadj Mamadou Diallo. Mais pour lui, il n’y avait aucun mal : «Il m’a vu passer, il m’a demandé de lui acheter des jus. A mon retour, il a pris mon numéro. Il m’a appelé un jour, je lui ai dit que j’étais dans la brousse. Depuis lors, il n’y a plus eu de contact entre nous».

«Vous avez accepté les contacts avec El Hadj, parce que vous aviez des intérêts en commun», charge l’avocat de la partie civile. «Je ne pouvais pas imaginer que cette seule commission pouvait me mener à ce calvaire. Aujourd’hui je souffre, ma famille ne sait même pas que je vis.»

«Vous vous êtes mis au service d’El Hadj, vous l’avez hébergé et l’avez fait traverser la frontière entre la Guinée et la Guinée-Bissau», ajoute l’avocat de la partie civile. Et Oury Diallo de rétorquer : «Je ne connais rien de tout ce que vous dites».

Ces propos ont été appuyés par El Hadj Mamadou Diallo : «Moi je voulais le prendre pour mes propres courses. Mais, on n’a pas pu se voir. Ce n’est pas parce qu’il connaît quelque chose dans cette affaire. Celui qui m’a fait traverser s’appelle El Hadj. Lui a sa famille en Guinée-Bissau. Ce n’est pas Oury Diallo.»

Au moment où nous écrivions cette dépêche, l’audience se poursuivait avec la déposition de Mohamed Dady Bah.

Yacine Diallo