La Chambre de contrôle de l’instruction a décidé, le 13 octobre, de maintenir le Cas-Sorry Fofana en détention. Elle infirme ainsi la décision du juge d’instruction de ne pas renouveler le mandat de dépôt de l’ancien Premier ministre. Les avocats de ce dernier ne décolèrent pas. Ils ont soufflé sur la braise le 14 octobre, pour dénoncer ce qu’ils appellent « la complicité » entre la Chambre de contrôle de l’instruction et le parquet spécial près la CRIEF.

La pilule est très difficile à avaler pour les avocats (sans vinaigrette) du Cas-Sorry Fofana. Le 13 octobre, ils espéraient que la boss du Conseil exécutif provisoire du RPG arc-en-ciel sortirait du gnouf, parce qu’à leurs yeux la Chambre de contrôle de l’instruction n’allait pas opposer de véto pour la «troisième fois». Comptaient-ils également sur une détente politique de la part de la junte militaire ? Ils ont été pris au dépourvu, puisque Ibrahima Cas-Sorry Fofana va poursuivre son séjour à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie. Au lendemain de cette décision, ils ont crié leur ras-le-bol, en décrochant des piques contre la Chambre de contrôle de l’instruction et le parquet spécial près la CRIEF (Cour de répression des infractions économiques et financières) : «C’est la troisième fois que monsieur Kassory Fofana est libéré provisoirement par le juge en charge du dossier, c’est aussi la troisième fois que le procureur spécial fait appel et que la Chambre de contrôle de l’instruction infirme ces ordonnances de mise en liberté. Cette fois-ci c’est trop, parce que les arguments de la Chambre de contrôle ne sont pas conformes au droit. Nous sommes inquiets pour l’état de santé de Monsieur Kassory et de l’attitude du procureur spécial et son bras droit, la Chambre de contrôle», dénonce maître Ousmane Seye. Il accuse le pro-crieur spécial, Aly Touré, et la Chambre de contrôle de l’instruction de collusion pour garder leur client en détention : «La Chambre reprend exactement les arguments du Procureur spécial». Selon lui, le Parquet spécial veut embastiller les membres de la famille Cas-Sorry : «Aujourd’hui, c’est la fille, le gendre et l’entourage de monsieur Kassory Fofana qu’on cherche à atteindre. Un réquisitoire supplétif a été fait en juin dans ce sens. La Chambre de contrôle déclare : tant que ces deux personnes ne sont pas inculpées, il faut le maintenir en prison, alors qu’elle sait que l’état de santé de l’ancien Premier ministre ne permet pas de le maintenir en prison. Mais le Procureur spécial n’a pipé mot par rapport à son rapport médical. C’est la violation de l’indisponibilité de l’action publique».

La défense du Cas-Sorry ne veut pas rester bras croisés. Elle a porté l’affaire devant la Cour suprême : «Nous ne plaiderons plus jamais le dossier Kassory devant la Chambre de contrôle parce que nous n’avons aucune confiance en elle… La Cour suprême va trancher», jure Me Mamadou Ismaël Konaté. Il a porté plainte contre le procureur spécial : «Nous avons porté plainte contre le procureur spécial ; le ministre de la justice est saisi de la plainte. Nous avons aussi saisi les juridictions à l’international, mais en même temps nous allons multiplier les plaintes au niveau des institutions africaines des droits de l’homme».

Yacine Diallo