L’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) n’a pas encore digéré le refus des autorités de la transition de laisser leur vice-président aller se soigner. La délicate situation de Fodé Oussou Fofana était une nouvelle fois à l’ordre du jour de l’assemblée générale du parti ce 21 janvier.

Autorisé à se rendre en France pour soigner son œil, Fodé Oussou Fofana, vice-président chargé des affaires sociales et juridiques de l’UFDG, est toujours à Conakry. Il a été bloqué à l’aéroport Gbessia à la mi-décembre 2022 par les services de la police de l’air et des frontières. Ordre leur aurait été donné de ne pas le laisser sortir du pays. L’opposant s’était tourné vers la Cour d’appel, pour espérer avoir gain de cause. La Chambre de contrôle de l’instruction de cette dernière a enterré ses derniers espoirs, en annulant simplement son autorisation de voyage. Cette pilule est difficile à avaler pour les militants et responsables de l’UFDG. Mamadou Sylla, le président de l’Union démocratique de Guinée (UDG) était dans la même situation. Mais récemment, il a bénéficié des largesses de la junte, pour voyager hors de la Guinée. Pour le vice-président de l’UFDG, Kalémodou Yansané, Fodé Oussou Fofana ne doit pas être traité comme un hors-la-loi : «C’est regrettable qu’on assimile un citoyen qui a mal aux yeux à un criminel de Guantanamo. Fodé Oussou n’est pas un criminel», dit-il.

Le Président de la transition a, lors du dernier Conseil des ministres, mis en garde contre ceux qui rôdent autour du CNRD et qui ne voudraient pas la réussite de la transition. Kalémodou Yansané accuse ces mêmes personnes d’induire le Chef de la junte en erreur : «Il faut qu’il (Mamadi Doumbouya Ndlr) sache que ce sont ceux-là qui ne veulent pas que la transition marche qui ont vu Fodé Oussou à l’aéroport et ont dit qu’il est en train de fuir. Les véritables ennemis du pouvoir, ce sont ceux-là qui vous disent de ne pas laisser Fodé Oussou sortir, que Cellou Dalein Diallo est votre ennemi. Cellou et l’UFDG aiment la Guinée».

Intrigues autour du Pont de Tanènè

Le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) a lancé les travaux de la construction d’un pont à Tanènè (Dubréka), le 20 janvier. L’ouvrage est censé remplacer les quatre vieux ponts métalliques qui sont là depuis plusieurs décennies. Le futur pont doit mesurer 126 mètres et coûter plus de 200 milliards de francs guinéens. Kalémodou Yansané s’interroge sur ces chiffres : «Le pont sur la Fatala est deux fois plus grand. Il était plus compliqué à faire, mais il n’a coûté que 51 milliards de francs guinéens. Le pont de Djélibakoro (sur le Niger à Kouroussa), c’est 500 mètres, il a coûté seulement 11 milliards de francs guinéens. Faire ce pont est une nécessité, mais le faire financer par le Fonds d’entretien routier me pose problème. Si on met tout cet argent dans la construction d’un seul ouvrage, c’est l’entretien routier qui sera affecté, sans oublier qu’il n’y a pas eu d’appel d’offres », accuse l’opposant.

Des collectivités locales

Le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, Mory Condé, menace de dissoudre les collectivités locales du Grand Conakry. Il ne digère pas le fait que les citoyens ne s’intéressent plus à la journée d’assainissement du premier samedi de chaque mois que la junte a instaurée. Mory Condé accuse ces élus de ne pas mouiller le maillot, pour que la journée connaisse un succès. Pour le responsable des fédérations de l’intérieur de l’UFDG, Cellou Baldé, Mory Condé cherche un alibi pour violer le Code révisé des collectivités locales : «Ce n’est parce qu’on est dans une transition qu’un ministre peut se donner la latitude de dissoudre les collectivités… Un conseil communal qui n’est pas reconnu coupable de délit ou de crime ne peut être dissout», déclare Cellou Baldé. L’ancien dépité uninominal de Labé a glissé un tacle aux partis politiques «chair à canon…qui incitent le gouvernement, le CNRD à dissoudre les collectivités. Ils veulent profiter de cette situation, pour intégrer les délégations spéciales».

Yacine Diallo