Le 14 novembre à Conakry, la conteuse, poétesse et romancière, Zeinab Koumanthio Diallo, a dédicacé son roman Un Secret (Gunndoen poular), devant un parterre d’invités, d’amis, de collaborateurs et de connaissances. Un réceptif hôtelier de Ratoma a servi de cadre à la cérémonie.

L’ouvrage de 96 pages, aussi en version poular, parle de liens, pactes, familles, connaissances, silence, savoir, amour. Le tout sur un mariage basé sur les valeurs traditionnelles et pastorales du Fouta-Djalon. « Pour nouer des alliances familiales et militaires, un chef coutumier décide de marier son fils à la fille d’un autre chef. Mais Houssaïnatou la fille, veut se marier à Paul un ami français », lit-t-on, en couverture. C’est l’avant-goût de l’ouvrage.

Auteure d’une quinzaine d’ouvrages et lauréate de nombreux prix nationaux et internationaux, Zeinab Koumanthio Diallo, précise qu’Un Secret ne vise pas à un dévoilement, mais il vise la constitution d’un secret. « Il y a le secret dans le secret. Un Secret couvre presque l’intégralité du champ sémantique du terme. Et, le secret pour moi est un ensemble de connaissances, de savoirs réservés à quelques-uns qui ne doivent pas être divulgués. La denrée qu’on recherche dans le mariage, ce sont les liens. Au Fouta-Djalon, ce n’est pas Mamadou qui se marie à Binta, c’est plutôt la famille de Mamadou qui se marie à celle de Binta. Des liens vont être tissés et le nid, c’est l’amour, que je considère le cœur d’Un Secret. »

Le roman Gunndo a été traduit en français (Un Secret) par feu Abdoul Goudoussi Diallo, ancien doyen de la Faculté des lettres à l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry et ex-directeur général de l’université Amadou Dieng de Labé. Un Secret se retrouve déjà sur les rayons des Editions Yigui et Kissal, coéditrices.  

« La poésie, mon essence »

Zeinab Koumanthio Diallo répond aux interpellations liées à son engagement poétique : « J’ai commencé par la poésie, j’en ai produit beaucoup de livres. Je considère la littérature comme une maison de plusieurs chambres : chambre à poésie, chambre à roman, chambre à théâtre, etc. Curieuse, j’ai voulu regarder le contenu de chacune des chambres. Je pense que la Guinée est une terre de poésie, le Fouta, une grande terre de poésie. Je ne peux pas abandonner la poésie, elle est en moi, mon essence, mon identité. La poésie pastorale est devenue la marque de l’identité des pasteurs peuhls, le symbole de leur simplicité, le véhicule de leurs intentions pour traverser des régions. »

Zeinab Koumanthio Diallo a écrit, entre autres, Les Roses de l’espérance en 2020, Les Rires du silence en 2005, Les Humiliés en 2005, Les Epines de l’amour en 1997. Elle est lauréate de plusieurs Prix, dont celui de Birago Diop du meilleur conte en 2017, le Prix Mamadou Traoré Diop en 2016, le Prix de Grand Baobab de la littérature africaine. Tout récemment, le Prix Bernard Dadié raflé la semaine dernière à Dakar (Sénégal).

Koumanthio sollicite un passeport diplomatoique

En prélude au congrès mondial du Comité international des femmes écrivaines, à Londres, Zeinab Koumanthio Diallo sollicite l’aide des autorités. « Nous sommes sept africaines au niveau du Comité. Le poste de vice-présidente, vacante, reviendra à l’Afrique. Je suis pressentie au poste, car élue et soutenue par la majorité absolue de mes sœurs. Mais, il y a des préalables : Je dois avoir la reconnaissance de mon pays, avoir un passeport diplomatique. Ce que je n’ai pas pour l’heure. »

Yaya Doumbouya