Il aura fallu les péripéties inextricables de l’exil pour qu’il faille au leader de taille, CDD, s’exprimer quasi simultanément dans les grands médias nationaux et internationaux : Hadafo et JA. Inutile d’ouvrir la parenthèse ! CDD, c’est Cellou Dalein Diallo pour les uns, Contrat à durée déterminée pour les autres. Les naïfs que nous sommes en ont profité pour se hasarder à concilier politique, morale et logique. Tout semble s’entrelacer. CDD a dû conforter Renouvier pour qui « la morale pure, c’est la paix. Elle a pour champs d’application, la guerre. »

A l’issue de ses interviews successives, le patron de l’UFDG ne peut pas ne pas avoir aplani des divergences, clarifié des positions, rapproché des points de vue, mais la politique semble si opposée à la logique, souvent à la raison, quelquefois au bon sens, que nombre de citoyens lambda et de militants fragiles se sont retrouvés sur le bas-côté de la longue route vers la victoire. Plus d’un observateur de la vie politique guinée-haine reste perplexe devant certaines questions de Jeune Afrique, et les réponses de Dalein : « Des représentants du RPG étaient au siège de l’UFDG, le 18 novembre, tandis que le parti célébrait son anniversaire. Est-ce le temps de la réconciliation ?

CDD, tel M. Jourdain, a mis le doigt sur l’impossibilité d’entretenir des relations saines entre son UFDG chérie et le RPG d’Alpha Condé : « Le RPG fait partie des grands partis politiques guinéens. Il demeure notre adversaire et ne saurait être un allié lors d’une compétition électorale… Lorsque les conditions d’une élection sérieuse seront réunies, le RPG et nous redeviendrons des adversaires. En attendant, nous sommes ensemble. »

En termes clairs, l’UFDG n’est opposé au RPG que pendant la campagne électorale. Qui dit que la nuance n’est une question d’intelligence. Les idiots politiques n’avaient jamais compris que CDD passe toute la journée électorale à récolter des voix et AC, toute la nuit à les échanger et que le lendemain, la victoire habituelle soit proclamée avec autant de sérénité. Pour parler comme Saint-Exupéry, la raison fut pour les uns de gagner, pour les autres de régner.

Nos confrères de JA auront aussi réussi l’exploit d’associer les visites du RPG à l’UFDG à la seule occasion de l’anniversaire de celui-ci. Au faîte de sa puissance, Alpha Condé avait eu l’idée lumineuse de faire inspecter le siège de l’UFDG par un âne avant de le faire barricader par des gardes d’une égale intelligence. Quand le CNRD l’a rouvert sous des applaudissements nourris, morale et logique ont dû y laisser des plumes, le RPG s’y est rendu pour peaufiner avec l’UFDG la stratégie, la meilleure, pour combattre les… libérateurs.

 CDD affirme sans ambages que les deux grands partis du pays ont « trois objectifs majeurs en commun : la volonté d’un dialogue inclusif présidé par la CEDEAO, en présence des observateurs réunis au sein du G5 ; la fin du harcèlement judiciaire contre les leaders politiques et les acteurs de la société civile ; le retour rapide à l’ordre constitutionnel à l’issue d’élections transparentes et inclusives. »

Impossible, est-on tenté de rétorquer ! La CEDEAO et le G5 sont en déconfiture avancée. Aux leaders politiques et aux acteurs de la société civile, il convient d’associer les harceleurs d’hier. Car « pour le moment, on est ensemble. »

Diallo Souleymane