Je profite de la dissolution du Gouvernement Goumou pour adresser une seconde fois mes félicitations au Président de la Transition, le Général Mamadi Doum-bouillant. Je l’avais fait le 5 septembre 2021 quand les Forces Spéciales, sous le haut patronage du colonel Doumbouya, ont pointé leurs armes sur Alpha Grimpeur pour lui dire : « Monsieur le Président, vous  êtes aux arrêts ! » C’était malheureusement une première. L’armée guinéenne, vaillante à souhait, a toujours crâné devant un cadavre président-ciel pour perpétrer ses coûts d’État. Imaginez l’économie  de vies humaines et de génocide d’intellectuels que cette Guinée martyre aurait réalisée si « le complot Kaman-Fodéba  de 1960 » s’était soldé par les termes du 5 septembre 2021 !

Mais, le stock des félicitations d’un citoyen lambda envers l’Exécutif est limité par nature. Ne reste plus qu’à prier le Général Doumbouya d’en conclure, à haute et intelligible voix, que « le bissap étant tiré, il faut le boire hic et nunc. » En pareilles circonstances, les Sénégalaids de Maquis Sale savent certainement mieux se débrouiller. Les Guinéens, eux, ne pouvaient s’attendre qu’à un pugilat en lieu et place d’un conseil interministériel pour régler leurs problèmes à l’amiable, tellement que des ministères techniques menaient la vie dure  au  PM, Dr. Bernard Go…mou. L’aphonie du porte-parole du Gouvernement, aggravée par la cacophonie interministérielle, devait nécessairement  déboucher sur la phobie des conseils des ministres. L’étouffement des réseaux sociaux aidant, Internet et WhatsApp notamment, il s’en est fallu de peu que le pays tout entier ne sombre dans un paradis de silence malsain.

Maintenant que la dissolution du Gouvernement Goumou a décidé de jouer les sifflets de faim de récréation, le CNRD du Général Doum-bouillant perpétue, peut-être à son corps défendant, la tradition des transitions à deux vitesses, plus ou moins tragiques. Les malheureux événements du 5 juillet 1985 ont marqué au fer rouge les limites de l’exercice d’un pouvoir hérité d’une dictature des plus aveugles. Les souvenirs autant que les victimes du Coup Diarra continuent de nous rappeler la nécessité impérieuse de solder le passé de ce pays. Le CMRN ne l’avait pas fait. Hélas !

Le procès des événements du 28 septembre 2009, les choux gras de l’audiovisuel guinéen, malheureusement victime de l’inanition de feu le Gouvernement Goumou, révèle bien des aspects grimaçants de la transition Dadis-Konaté, même en l’absence de celui-ci. Le CNDD n’avait retenu la leçon, non plus ! Le pays continue d’en pâtir.

Le 19 février, le CNRD pose la première pierre de la seconde phase de sa transition. Sans Gouvernement, ni effusion de sang. Une première aussi, comme le 5 septembre 2021 quand l’ancien président a réclamé en vain son ordinateur. Espérons que le Général Mamadi Doumbouya tirera les leçons de notre passé historique.  Que ses ministres continueront de jurer fidélité et loyauté à la république d’abord, au président ensuite. Toutes choses étant égales par ailleurs, c’est du pareil au même.  Autrement, il faudra obligatoirement quelqu’un, quelque part, pour tirer la sonnette d’alarme. A l’image de la Cour Constitutionnelle du Sénégal. Jalousie, quand tu nous tues.

Diallo Souleymane