Deux semaines après les violences qui ont secoué le district de Koliagbé, les auteurs courent toujours. Au grand dam de la famille Diallo qui soupçonne les autorités locales de laisser faire.

La famille d’Ibrahima Kalil Diallo n’ose pas toujours pas remettre pied à Koliagbé sous peine de faire les frais de la colère de ceux qui sont décidés d’accaparer ses terres. Les stigmates des bavures des 17 et 18 mars dernier sont encore visibles sur le domaine de la famille. Deux semaines se sont déjà écoulées, les victimes attendent toujours de savoir ce que la justice fera de leur plainte contre les auteurs et les commanditaires des destructions de leurs biens. Elles commencent à perdre patience : « 18 personnes ont été clairement identifiées comme les cerveaux. Nous avons porté plainte contre elles, le procureur a plainte depuis 10 jours, mais ces gens se promènent tranquillement dans le village et continuent de se taper la poitrine. Aucune personne n’est interpellée », explique Mamadou Taslima Diallo, membre de la famille. Il dénonce notamment le fait que la gendarmerie n’exécute pas les ordres du parquet de Kindia : « Le procureur a écrit à la gendarmerie pour leur arrestation, celle-ci ne se bouge pas. L’on a comme l’impression qu’elle refuse d’agir. On est en train de nous baratiner. C’est la déception. »

Mamadou Taslima Diallo ne comprend pas que les autorités choisissent de dorloter les pillards. Selon lui, le préfet roule pour ses bourreaux : « Depuis la destruction de nos biens, nous n’avons vu aucune autorité, ni le préfet ni le sous-préfet encore moins le gouverneur. Aucun d’eux n’a fait le déplacement pour constater les dégâts. Au contraire, ils ménagent les pillards. Le préfet est allé à Koliagbé, il leur a offert un bœuf, de l’argent et du riz », après le pillage chez la famille Diallo.

A date, les agissements des villageois continuent. Le 30 mars, sous la houlette d’El Hadj Abou Camara, un des principaux protagonistes,  des personnes vivantes à Conakry se seraient rendues à Koliagbé, pour entériner ce qu’elles appellent « la récupération » de leurs terres : « Il (El Hadj Abou, ndlr) a convoqué une réunion chez le président du district, il a dit à tout le monde qu’ils ont réussi à chasser la famille Diallo. Il a donné ordre à la jeunesse de s’en prendre à tout membre de la faille qu’elle verra là-bas. »

Mécontents de voir la famille d’Ibrahima Kalil Diallo acquérir un vaste domaine de 84 hectares, des natifs de Koliagbé dans la sous-préfecture de Friguiagbé ont réclamé la paternité de ces terres. Ils accusent les propriétaires d’avoir exproprier leurs parents dans les années 70. Le 17 mars, ils ont brûlé maisons, véhicules et arbres fruitiers au nez et à la barbe des autorités locales, pour, disent-ils, chasser de chez eux Kalil Diallo et sa famille.

Yacine Diallo