C’est sous les « Alpha zéro, Alpha zéro », scandés par ces femmes que l’autoroute Fidel Castro a été bloquée ce jeudi 9 février. Mamata Sylla, vendeuse de poisson, est une des manifestantes du premier groupe : « On nous a chassé d’abord du pont, et le gouverneur nous a dit de nous établir de l’autre côté de la chaussée, près des rails. Nous sommes allées y installer nos tables ce qui nous a couté beaucoup d’argent. Par la suite les propriétaires de ce domaine nous ont à leur tour chassé et cassé tout ce qu’on avait construit sous prétexte que le lieu avait été baillé. Que faire ? Où irons-nous  ? Ils n’ont qu’à nous donner un endroit où rester sinon nous occuperons la chaussée et aucune voiture ne passera ».

Selon des informations recueillies ces deux groupes de femmes réclament chacun un coin du marché de Madina. Aicha Mara est membre du deuxième groupe : « On vendait sur le pont au début. Il y a une semaine on nous a déguerpi. Le gouverneur nous a promis des places mais il n’a pas tenu parole, raison pour laquelle ce matin nous avons bloqué la circulation. »

Le gouverneur de la ville Mathurin Bangoura a nié avoir donné une place à certaines femmes au détriment d’autres. « Avant-hier j’ai été interpellé par la représentante des femmes vendeuses de friperie sur ce problème de place. Je lui ai dit que je peux aménager un endroit de l’autre côté de la chaussée pour qu’elles s’y installent. Elle m’a rétorqué que cet emplacement ne leur était pas profitable. De là, d’autres femmes vendeuses de poisson ont saisi l’occasion pour s’accaparer ce lieu. En réaction, les vendeuses de friperie sont allées réclamer le domaine au prétexte que le gouverneur le leur avait attribué et ont ainsi cassé tout ce qu’elles ont trouvé sur place. »

Au moment où nous quittions les lieux, le gouverneur avait réussi à calmer ces manifestantes en leur promettant de régler le problème dans un bref délai. Par contre un bouchon mémorable avait eu le temps de former.