De plus, l’économie guinéenne ne s’est pas encore engagée dans une stratégie de diversification à travers des plans pluriannuels de développement prévoyant ainsi des investissements publics dans des grands projets d’infrastructure et dans le domaine social malgré une forte dépendance budgétaire envers la Taxe Spécifique sur les Produits Pétrolier (TSPP) grâce à laquelle ces plans sont financés.

De nos jours, le gouvernement guinéen, a d’énormes difficultés en matière de programmation budgétaire, et de volatilité du taux de change. Réduire les dépenses en période de recul du taux d’inflation perturbe et coute chère à la croissance. Pour apporter des solutions, l’Etat à tendance à augmenter le taux de la RTS afin de tenter d’amortir les effets négatifs sur la croissance économique.

L’objectif est également de mieux prendre en charge financièrement des jeunes ayant réussis aux concours d’accès à la fonction publique mais pas encore pris en charge convenablement (environ 3802 jeunes).

Une simulation réalisée par M. SANO Lansana (membre de la FESABAG) montre qu’en moyenne, un salarié payé à hauteur de 5000 000 payait avant la hausse de la RTS GNF 200 000/mois et maintenant, il paye 300 000 soit GNF 3 900 000/an. De même, les personnes dont le salaire est de GNF 10 000 000 payaient avant 822 950 maintenant, ils payent 1 050 000 soit une moyenne annuelle de 13 650 000. Enfin, les fonctionnaires dont les salaires atteignent 15 et 20 000 000 à l’image des autres catégories payaient respectivement en moyenne mensuelle 2 050 000 et 3 050 000 soit en moyenne annuelle 26 650 000 et 39 650 000.

Au bout du compte, vous conviendrez avec moi qu’aucun salarié de la fonction publique ne rentre dans ces calculs car, le plus haut gradé ne perçoit qu’en moyenne GNF 4 000 000.

C’est totalement injuste, de la part des autorités d’affirmer que la nouvelle fiscalité sur les salaires en Guinée, vise à s’aligner (sur recommandations du FMI) sur celles des pays voisins alors que tous ces pays font mieux que la Guinée, en matière de bonne gouvernance, d’amélioration des pouvoirs d’achat (maitrise de l’inflation, de réduction de pauvreté, de niveau de salaires, de déficits budgétaires, d’emploi des jeunes, politique d’absorption des fonds via des projets bancables, de gestion des déficits de la balance commerciale (excès d’importations sur les exportations), de niveau de réserves de change de la Banque Centrale pour la couverture des importations de biens et services…

Pour ma part, je pense à l’image des économistes keynésiens, qu’une baisse d’impôt provoque une augmentation du PIB plus que proportionnelle. On parle de multiplicateur fiscal. Il s’agit d’un cercle vertueux où la baisse d’impôt, en engendrant une hausse du revenu disponible, entraîne une augmentation de la consommation, qui se traduit par des revenus supplémentaires pour les vendeurs, et donc des rentrées fiscales en plus, etc. Cette baisse d’impôt aura un impact positif d’autant plus important que les ménages ont une forte propension à consommer, c’est-à-dire consomment une part importante de leurs revenus. Le Gouvernement guinéen devrait méditer autour de cette théorie avant de prendre cette mesure impopulaire car, comme le disait le grand économiste Arthur Laffer « trop d’impôts tue l’impôt ». Le gouvernement guinéen devra méditer sur cette théorie keynésienne sans quoi, la crise sociale sera inévitable, si jamais les nouvelles mesures fiscales approuvées par le Parlement entraient en vigueur.

Mamadou Safayiou DIALLO

Economiste, Enseignant-chercheur