A l’instar des autres pays membres des Nations Unies, la Guinée a célébré les 70 ans de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, proclamé le 10 décembre 1948. Anniversaire qui intervient dans un contexte tendu en Guinée. Si les défenseurs des droits de l’Homme saluent la clôture de l’instruction du dossier du massacre du 28 septembre 2009, la mise en place d’un Comité de pilotage en charge de l’organisation matériel du procès, ils constatent que la matérialisation de l’engagement des autorités en faveur de la construction d’un Etat de droit en Guinée « reste très faible à plusieurs niveaux ».

Le non diligence d’enquêtes sérieuses sur les cas des violences commises par les forces de l’ordre et d’autres acteurs au cours des manifestations politiques et sociales. Cette année 2018 au moins 15 personnes ont perdu la vie lors des manifestations liées aux contestations des élections locales et à la crise qui secoue l’éducation ;

La mesure prise par les autorités d’interdire toute manifestation politique ou sociale et le fait d’associer l’armée dans le maintien d’ordre en violation de loi ;

La lenteur du processus de réconciliation nationale alors que le rapport sur les consultations de la Commission provisoire de réflexion avait été remis au Président de la République ;

Les conditions de détention parfois inhumaines dans les maisons centrales et d’arrêt, cause de plusieurs décès des détenus, et les retards excessifs pris pour le jugement de centaines de personnes détenues illégalement depuis plusieurs années ;

Les violations graves à la liberté d’expression et d’opinion se traduisant par des menaces, intimidations, harcèlements, à l’endroit des acteurs de la presse;

Les violations du droit à l’éducation, à des conditions de travail favorables et à l’accès aux services sociaux de base, notamment l’eau, électricité et la santé.

Le refus du gouvernement de délivrer des agréments aux ONG et associations depuis un certain temps.

Recommandations

Les gardiens des droits de l’Homme interpellent le Prési de la République, garant de la Constitution, à s’engager personnellement en faveur de la lutte contre l’impunité, la tenue du procès du massacre du stade du 28 septembre au plus tard au premier trimestre 2019, de concrétiser le processus de réconciliation nationale par la mise en place d’une Commission « Vérité, justice, réconciliation » conformément aux recommandations de la Commission provisoire de réflexion sur la réconciliation nationale. Garantir la liberté de manifestation, d’expression, d’opinion et syndicale conformément aux lois de la République.

Au PM, de garantir le dialogue social. Au ministre de la Justice de continuer les réformes entreprises pour redonner confiance en la justice, accélérer les procédures judiciaires en cours, lutter efficacement contre les placements et maintiens abusifs en détention provisoire.

A l’Assemblée nationale, à adopter le Code civil dans le respect des engagements internationaux.

Au gouvernement, d’appliquer les accords signés entre pouvoir et opposition ; entre gouvernement et partenaires sociaux ; respecter les calendriers électoraux tout en s’assurant de la transparence des élections. D’accélérer la révision du Code de l’enfant et élaborer un projet de loi sur la protection des défenseurs des droits de l’Homme ; poursuivre la réforme des forces de défense et de sécurité avec un accent particulier sur le respect des droits de l’Homme et des règles de procédure pénale, en particulier celles relatives à l’usage proportionné de la force et des règles régissant la garde à vue. D’introduire l’enseignement des droits de l’Homme et du droit international humanitaire dans le cursus scolaire et universitaire conformément à l’article 25 de la Constitution ;

Aux partis politiques et partenaires sociaux (syndicats), de privilégier le dialogue, éduquer ses militants, pacifier les manifestations.