Le jeudi 27 décembre, l’Association des Femmes Journalistes de Guinée (AFJ-Guinée), a lancé le projet « Niveau d’accès des femmes aux soins de santé dans les structures sanitaires » avec l’appui financier de l’USAID. C’est suite à l’appel du projet FHI 360 en 2017 que l’AFJ-Guinée avait élaboré son projet. Le projet a démarré depuis le 3 décembre dernier et se prendra cinq mois. Il a pour objectif de collecter, d’analyser et de vulgariser des données fiables sur l’accès des nounous aux soins de santé dans les communes de Cona-Cris, Kindia et Boké. A travers ce projet, ces journaleuses veulent évaluer le niveau d’accès de la couche féminine aux soins de santé en mettant en exergue les freins d’ordre socioculturel, mais aussi financier. Aux termes du projet, elles espèrent avoir contribué à l’amélioration de l’accès des femmes aux soins de santé dans les localités citées plus haut. Selon Mme Mata Afiwa, coordinatrice du projet, les nounous constituent un peu plus de la moitié de population guinée-haine. Sauf que cette grande majorité est celle qui vit le plus dans la précarité et qui a un accès limité aux soins sanitaires parfois des soins vitaux.

En 2005, le document de stratégie de réduction de la pauvreté indiquait que 86% des pauvres vivent en milieu rural et sont constitués de 53, 3% de nounous. Les décès maternels évitables constituent encore le lot des nounous guinée-haines. Elles représentent 28% de tous  les décès des femmes de 15 à 49 ans. En 2012, seul 7% des nounous âgées de 15 à 45 ans utilisent des méthodes modernes de contraceptions et plusieurs parmi elles désirent le faire, mais n’ont pas accès à ces produits. La Guinée avec son plan de repositionnement de la planification familiale souhaitait atteindre un taux d’un peu plus de 20% en fin 2018, et l’objectif ne sera malheureusement pas atteint malgré tous les efforts. La Basse Guinée qui abrite le projet, l’accès des femmes et des filles aux installations sanitaires améliorées qui est un objectif du millénaire pour le développement, reste encore très limité. Globalement 56% des ménages ne disposent que de toilettes non améliorées. Ce qui constitue un facteur de propagation de plusieurs maladies. En 2016, près de six nounous sur 10, soit 57%, n’ont reçu aucun soin post natal en raison de préjugés socioculturels.

Malgré les nombreux efforts fournis par l’Etat Guinéen et ses partenaires techniques et financiers, l’accès équitable et efficace aux soins de santé pour les nounous reste toujours un défi à relever. « Nous pensons que pour résoudre ce problème, il faut disposer de données fiables. Des données qui peuvent amener les différents acteurs à développer les meilleures politiques, les politiques les mieux adaptées possibles qui ne sont rien d’autres que les femmes. « Notre projet s’inscrit donc dans cette dynamique. Une dynamique qui consiste à mettre à la disposition à la fois de la société civile, des médias, des gouvernants, mais aussi des partenaires au développement, des données qui peuvent leur permettre de développer les meilleures stratégies en faveur des femmes. Même que le journalisme de développement en ce 21 eme siècle ne peut se faire sans des données fiables, des données que nous les professionnelles nous devrons interroger, questionner et qui peuvent constituer pour nous des sources de travail », a insisté dame Mata Afiwa. Elle souhaite que le sujet des femmes soit pris en compte tous les jours et non de façon ponctuelle. « Ce projet va nous permettre à la fois de collecter les données, de les analyser, mais aussi de les vulgariser, de les partager afin de les utiliser pour aller vers d’autres problèmes que nous pourrons résoudre. Nous sommes heureuses avec les hommes qui nous accompagnent  de vous présenter officiellement ce projet qui va s’étendre sur 5 mois », a-t-elle conclu.

Dans son allocution, dame Bernadette Condé, prési de l’AFJ-Guinée, a rappelé qu’en 2009, le seul rêve de son organisation était de relever le défi de la professionnalisation du métier de journalisme en Guinée, mais aussi de favoriser surtout la promotion du journalisme sensible au genre. « Nous avons encore rêvé de l’image de la femme largement valorisée dans le métier qu’ils soient à la radio, à la télévision, la presse écrite ou la presse en ligne. La possibilité de voir les femmes et filles jouir des mêmes droits que les hommes et les garçons. Accéder aux mêmes opportunités et voir leurs voix prises en compte n’est pas encore totalement effective dans notre pays ». L’AFJ-Guinée, dans cette dynamique, entend contribuer au bien-être des femmes, filles, jeunes filles et enfants. Elle a décidé elle-même d’abord de se soumettre à un processus de réforme profonde, car selon elle, « cela permet de nous rapprocher de notre rêve initial, celui d’un monde juste, égalitaire où les femmes et les hommes accèdent aux mêmes droits et opportunités ».

La Martine Condé, présidente de nos hics à la HAC, s’est réjouie de l’implication des associations de presses féminines dans cette problématique, car dit-elle « parmi les 12 priorités de la femme, l’éducation et la santé sont les priorités ».

Kadiatou Diallo