La Guinée est un beau pays qui excelle dans les vilaines actions. Cette république bananière bat le record des contrastes et des contradictions. C’est la championne toutes catégories des contre-vérités. Le château d’eau de l’Afrique Occidentale s’est ingénié à muer en seau d’eau de la sous-région. Toute honte bue. Nos ménagères attendent vaillamment la fin des pluies diluviennes pour se rendre au marigot. Dans un pays de bidons et de bassines, plomberie et quincaillerie mènent directement au chômage et à la débrouille. Ceux qui y sont encore allergiques prennent le chemin du mensonge et de la ruse. Dans l’administration, pour la plupart. Plus on monte, moins on s’embarrasse de vérité.

Les dernières manifs du FNDC n’ont pas manqué de le prouver. Même l’armée a joué le jeu du mensonge et de la fourberie. Dans les hautes sphères de nos forces de défense et de sécurité, on n’a même pas pris la peine de rectifier le tir. A la veille des manifestations du 14 octobre, les Guinéens ont eu droit à un communiqué en bonne et due forme qui proscrit l’usage des armes de guerre pour mâter la population. Pourtant, les assassinats commis dans la commune de Ratoma ne sont pas l’œuvre de balles en caoutchouc. L’histoire a confirmé que le Ministre de la Sécurité n’est pas homme à compter les morts dans la précipitation. Jusque tard dans la nuit du mardi 15 octobre, son homologue de l’Administration du Territoire, de loin le plus froid des acteurs des drames du 3è mandat, n’a pu noter que deux assassinats. Il s’en est fallu de peu qu’il n’y voit des victimes expiatoires d’un paludisme chronique. Face à des médias impénitents et au monde hébété, il a répété, droit dans ses bottes, que les services de maintien d’ordre ne saurait user d’armes de guerre dont ils n’ont jamais vu la couleur. Établir un bilan de dix morts dans des manifestations de défense de la Constitution pourrait bien équivaloir à une diffamation éhontée.

Heureusement que l’histoire est plus que têtue. Il aura fallu moins de 24 heures pour que Général Bouréma Condé obéisse aux injonctions de l’arithmétique macabre pour épingler sept autres macchabées au tableau de chasse de l’Etat Grimpeur. Mais, ce ne sont pas les militants du 3è âge du RPG qui s’offusqueraient d’un quelconque retournement de veste de M. Condé. Malgré les trous de mémoire qui se sont emparés du pays ces dernières années, les exactions de l’ancien sous-préfet de Banankoro envers les grimpereaux d’Alpha Condé restent vivaces. L’œil de Caïn, quand tu nous tiens !

En tout état de cause, il ne faut pas rendre à César, ce qui appartient à Césaire. Dans l’amour des raccourcis pour tordre le cou à la vérité, le Général Condé pourrait bien passer pour un enfant de chœur face au Président-Grimpeur. Les Guinéens se souviennent encore de cet homme politique vierge en tous points de vue que Dieu nous a apporté en 2010 pour rattraper en cinq ans le retard accumulé de ses prédécesseurs 50 ans durant. Il s’est autoproclamé Mandela guinéen. Aujourd’hui, le choix est des plus restreints. Nos cœurs balancent entre Nkurun-zizanie et Jean Bedel Bokassa. Pour Obama, la situation semble encore plus catastrophique. C’est un anti modèle. Purement et simplement. Inutile de salir la mémoire d’Idi Amine Dada.

DS