Ce 10 décembre, les Guinéens ont massivement répondu présent, une nouvelle fois, à l’appel à manifester contre le changement de la constitution de 2010. L’acte 6, conduit par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), a mobilisé du monde à Conakry. Les opposants ont marché de la Tannerie à l’esplanade du Stade du 28 septembre pour réitérer leur refus d’un tripatouillage de la constitution. A la Tannerie, point de départ de la marche, l’ambiance était très festive. Les hauts-parleurs et klaxons ont résonné de longues heures, agrémentés de slogans « S.O.S. à la Constitution », « Il doit sortir par la grande porte », « Non au changement constitutionnel», « Tous pour une alternance apaisée en Guinée ». Zéro fausse note. Les farces de sécurité se sont tenues à l’écart.

Thierno Aliou Diallo, jeune manifestant venu de Maneya (Coyah) : «Nous ne sommes pas pour le tripatouillage constitutionnel, c’est pourquoi nous disons au Président Alpha Condé de faire tout son possible pour quitter le pouvoir, partir par la grande porte. Mais comme il ne le veut pas, nous allons lui montrer que nous sommes des démocrates, des patriotes ». Et de renchérir : « Le chômage, l’immigration clandestine, tout cela nous fait mal. Partout à travers le pays, nous devons nous lever pour dire merde à cette dictature. Comme il est professeur de droit, il n’a qu’à nous montrer ce qu’est le droit. Mais ce n’est pas ce qu’il est en train de faire, car il est entouré de dinosaures. Tout de même, nous allons les obliger à respecter la Constitution, car nous n’allons pas les laisser sacrifier la nation. Son plan B est de passer par le référendum, mais nous l’avons à l’œil, ça ne passera pas. »

Les hommes politiques, Kalémodou Yansané et Elie Kamano ont harangué la foule avant l’arrivée des leaders du FNDC et d’autres politiques, notamment Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). Celui-ci a débarqué à 13 heures à la Tannerie pour le départ de la marche, avec un cortège impressionnant de manifestants qui ont envahi la zone. Une quinzaine de minutes se sont écoulées entre le passage de la tête la queue du cortège.

Dans la marée rouge, Mamadou Pathé Barry, handicapé, marchant à l’aide de ses béquilles, a estimé que le projet de changement de constitution n’est que « suicidaire ». Pour lui, son handicap n’affecte en rien sa détermination, car « je suis là en tant que Guinéen pour accompagner mes compatriotes à lutter contre ce projet de troisième mandat et aussi lutter pour qu’il y ait un état de droit en Guinée. Je suis handicapé, mais tous les Guinéens sont en train de lutter contre ce projet. Nous aussi, nous avons le droit de nous joindre à eux pour mener le combat ensemble. » Issiaga Camara, manifestant, a déclaré que le respect de la démocratie passe par celui de la Constitution. « Il est élu en 2010, réélu en 2015, aujourd’hui nous n’avons point besoin de connaître son bilan. Nous voulons son départ ni plus, ni moins , car il est à la fin de son second mandat constitutionnel. Il y a des meurtres, des pillages, tout cela prouve qu’il n’est pas un président démocrate. Nous voulons le respect de la démocratie, car la Guinée doit aller de l’avant », ajoute-t-il.

Yaya Doumbouya