Les masques viennent de tomber. Alpha Condé a parlé pour exprimer sa position tant attendue sur la nouvelle constitution. Si étroitement liée au quotidien des Guinéens, à l’état de la démocratie, à l’avenir du pays. Après tant de gâchis en vies humaines, en violence policière, en recul des libertés, en temps de travail, l’heure ne devrait plus être à l’interrogation. Que nenni, hélas ! On ne peut pas ne pas s’interroger en attendant qu’il rentre d’Abuja pour revenir sur ce discours, sûrement rédigé à l’emporte-pièce et prononcé à la hâte.

Il faut que notre Président-Grimpeur nous rassure qu’il n’était pas au sérieux quand il nous a dit ceci en parlant de sa constitution de rêve : « Comme l’exige la Constitution du 07 mai 2010, j’ai saisi le Président de l’Assemblée Nationale d’une demande d’avis consultatif sur le texte de l’avant-projet de Constitution dont copie lui a été envoyée à cet effet. Après avoir reçu l’avis favorable du Président de l’Assemblée Nationale, j’ai saisi la Cour Constitutionnelle d’une demande d’avis de conformité de la démarche aux exigences de la procédure prévue par les dispositions de la Constitution. Il était annexé à cette demande une copie de l’avant-projet de Constitution et une copie de l’avis favorable du Président de l’Assemblée Nationale. Après examen du projet de Constitution par la Cour Constitutionnelle et réception de l’avis conforme de celle-ci, j’ai décidé de rendre public le contenu du texte. » Apparemment, rien ne va plus.

Comment une « Commission technique qui a travaillé sous la conduite du Ministre de la Justice » a-t-elle pu produire un avant-projet de constitution de 161 articles avec autant de bourdes ? Pourquoi le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, a-t- il laissé sortir de son bureau une telle quantité de « copier-coller ? » Où était donc Ibrahima Kassory Fofana pour présider un conseil interministériel apte à reprendre « le travail » que la Commission de M. Mohamed Lamine Fofana a si intelligemment bâclé ? Naturellement, « l’Histoire ne retient pas le nom de ceux qui empêchent les catastrophes. » Dans quel avion devait voguer le Président de la République pour ne pas présider le conseil des ministres censé adopter le projet de constitution destiné à l’Assemblée nationale ? Cauris-Kondiano ne saurait être destinataire d’un avant-projet de texte en provenance de l’Exécutif. Sinon, dans quel tiroir rangerait-il la séparation des pourboires dans un Etat aussi démon-crac-tique que le nôtre ? Si M. Kondiano s’estime inapte à déceler des fautes dans la production de l’Alpha gouvernance, pourquoi a-t- il omis de soumettre le texte aux députés de l’opposition, membres de son bureau? Ceux-ci l’auraient certainement retourné au Gouvernement, pour une seconde lecture. Sûr que personne n’aurait parlé de monde à l’envers. Et puis, comment l’avant-projet de constitution, sorti des cuisses du Parlement avec un avis favorable, s’est-il-mué en projet de constitution dans les couloirs de la Cour Constitutionnelle ? Le Président Alpha Condé peut-il rendre public « l’avis conforme » qu’il détient dans ce domaine précis ? Juste pour nous rassurer que la Constitution de 2010 reste la seule à avoir servi de base de travail à la Cour. Pour le moment, le chapitre des intangibilités est en plein surmenage. Comprenne qui pourra !

 DS