L’ancien ministre de l’Education Nationale, Ibrahima Kalil Konaté, K2, s’est mis à l’abri des yeux perçants de l’arithmétique et ses chiffres récalcitrants pour s’essayer dans la littérature politique. Il a publié un livre : La détention arbitraire d’Alpha Condé, toute la vérité. Sûrquel’ouvrage était promis à un bel avenir puisqu’il a fait déjà l’objet de polémique dès sa sortie. Comme il n’a été interdit que de vente, Le Lynx en a emprunté une copie pour lire. Mais, il est tombé juste sur un autre K au carré : Kassory – Koureissy. Il paraît que les deux-là avaient joué gros pour faire attraper Alpha Condé à Pinè voici 22 ans.

Si l’auteur de l’ouvrage n’était pas aussi nul en mathématiques, plus d’un Guinéen lui aurait démontré que son dernier K au carré n’en est pas un. Il s’agit d’un K au cube absolument autenthique:  Kassory, Koureissy, Kiridi. C’est un trinôme, non un binôme. En tout état de cause, si l’on a soulevé toutes ces choses compliquées pour faciliter le prochain remaniement ministériel à Alpha Grimpeur, tout sera clair dès la formation du nouveau goubernement. Merci à K au carré d’avoir lancé le défi. Pour le moment, on ne peut dire que deux petites vérités.

La première vient de Koureissy Condé soi-même, parti pris ou non. L’affaire d’Alpha Grimpeur était « pratiquement»  militaire. Pris à Pinè, le Grimpeur a été conduit à la sous-préfecture de Gama-Béréma, puis au camp Béhanzin de N’Zérékoré pour être transféré à Conakry. Partout où il était passé, le hasard a voulu que le premier responsable du service soit un Condé. Vérifiez la chaine, de Gama-Béréma au Camp Béhanzin avant que le futur bagnard n’atterrisse à Conakry où trônait le ministre de la Sécurité, un certain Koureissy Condé. Les carottes semblaient cuites. A la limite, l’arrestation d’Alpha pourrait s’assimiler aux querelles mesquines de la famille Condé. Quelques mois plus tôt, en mars 1998, le même hasard s’était déjà produit à l’occasion de la première casse de Kaporo-rail. Toute la chaîne de commandement était « pilotée » par des Peuls, des Diallo en plus, du chef de quartier au ministre de tutelle. Jusqu’à présent, l’on n’a pas fini de faire le tour et les contours des hasards qui ont ponctué certains événements sous le règne de Fory Coco.

L’autre petite vérité, énoncée par K2 celle-là, ne semble pas tout à fait complète. L’auteur de « La détention arbitraire d’Alpha Condé, toute la vérité » affirme que le 13 décembre 1998, des individus arrêtés au domicile de Marcel Cross avaient été présentés à la télévision nationale comme étant des rebelles. Des armes de chasse de ce dernier, elles aussi, présentées comme des armes de guerre. Le domicile de Fatou Bangoura avait également reçu une visite musclée des forces de l’ordre, venues chercher des armes de guerre. « Jusqu’au moment où il (Alpha Condé) vit les images à la télévision, il n’était nullement dans ses intentions de bouger de Conakry.»  Soit !

Mais, à cette opération d’intimidation, il faut ajouter celle, plus efficace, de l’intoxication et de la souricière, montée à l’intention de Sira de Novembre, Mamadou Banque Route et Alpha Grimpeur. Trois scénarii à la carte. Un « ami » de Siradiou Diallo lui souffle à l’oreille qu’il doit être en résidence surveillée. « Formidable, je vais en profiter pour dormir, »  rétorque-t-il. Gentiment. A Ba Mamadou, on apprend que sa fille est arrivée à l’aéroport de Gbessia sans pouvoir entrer à Conakry. Qu’il faut aller la tirer de cette galère. « Jamais ! Si elle vient chez elle et qu’elle n’arrive pas à entrer, qu’elle retourne ! » Banque Route n’a pas bougé.

Pour Alpha, ils ont grimpé un peu plus haut. Le Ministère de l’Intérieur a rédigé un télex sur l’arrestation d’Alpha Condé et a en organisé la fuite. Ce contenu, ajouté aux armes de Marcel Cross, ne doit  pas avoir été étranger au départ précipité du Président-Grimpeur de Cona-cris à destination de Lola.  Malheureusement, son Pinè a eu une crevaison juste à la frontière. Pourtant, Sipilou, la première sous-préfecture ivoirienne, n’était plus qu’à deux pas.

DS