Le bilan est lourd après les affrontements intercommunautaires entre Tomas et Toma-manians survenus les 26, 27 et 28 décembre derniers dans la ville de Macenta. Les derniers chiffres font état de 18 morts et d’une soixantaine de blessés. Le calme est certes revenu dans la ville, mais il existe encore beaucoup de zones d’ombre. Les défenseurs des droits humains sortent de leurs gongs pour demander à l’Etat des explications : « C’est une situation extrêmement grave, préoccupante pour nous en tant que défenseurs des droits de l’homme. Cette situation devrait préoccuper l’ensemble de la nation, surtout ceux qui sont chargés de gérer le pays. Les deux communautés qui s’affrontent ont toujours vécu ensemble. Pourquoi c’est maintenant qu’il y a affrontement ? Pourquoi c’est maintenant qu’on s’entretue ? Il faut qu’on sache pourquoi. Nous interpellons l’État parce que c’est notre premier partenaire. Il faut que l’État fasse savoir qu’il existe à Macenta », déclare El Hadj Malal Diallo, prési par intérim de l’OGDH (Organisation guinéenne pour la défense des droits de l’homme et du citoyen).

Il demande également à la notabilité de la ville de Macenta de s’impliquer pour résoudre définitivement le problème : « Il faut qu’ils soient vraiment des sages, qu’ils arrêtent de pousser les uns contre les autres parce qu’ils ont toujours vécu ensemble, ils se marient entre eux… Si nous laissons la case Macenta brûler, cela va affecter les autres préfectures ».

Pour appeler au calme à Macenta, Oyé Guilavogui, le ministre de l’Environnement, qui a construit la maison du patriarche des Tomas dont l’inauguration a mis le feu aux poudres, s’en est pris à Bambéto et à l’Axe. Une stigmatisation, selon Ibrahima Aminata Diallo, président de la PJDD (Plateforme des jeunes leaders pour la démocratie et le développement) : « A Macenta, c’est un conflit intercommunautaire, alors que les violences qui se produisent sur l’Axe viennent souvent des manifestations d’ordre social, politique…Macenta n’est pas l’Axe, c’est une réalité. Mais c’est une stigmatisation parce qu’il n’a pas besoin de faire des comparaisons subjectives à chaque fois qu’il y a des violences dans le pays. Bambéto est une zone stigmatisée depuis longtemps. Aujourd’hui, nous voulons des propositions de sortie de crise parce que la violence n’est pas propre à une zone. Les conflits sont d’ailleurs plus récurrents en Forêt que dans les autres régions ».

Yacine Diallo