Pascal Affi Nguessan, un des principaux responsables de l’opposition en Côte d’Ivoire, a été libéré sous contrôle judiciaire mercredi 30 décembre, après presque deux mois de détention préventive. Une libération qui survient alors que se profilent les élections législatives de mars.

“Ma libération vient à la suite des discussions dans le cadre du dialogue” mené entre l’opposition et le pouvoir pour “décrisper” le climat politique, très tendu depuis l’élection présidentielle du 31 octobre qui a conduit à la réélection pour un troisième mandat controversé du président Alassane Ouattara, a déclaré M. Affi Nguessan à l’AFP après avoir été libéré.

Le pouvoir, l’opposition et la société civile ont achevé mardi un premier cycle de pourparlers d’une semaine, à l’issue duquel la date des élections législatives a été fixée au 6 mars 2021, selon le gouvernement. De l’avis de toutes les parties, des progrès ont été enregistrés, même si aucun accord n’a été formellement signé.

L’opposition exige en particulier l’arrêt des poursuites et la libération de ses leaders inculpés à la suite des violences électorales liées à la présidentielle, qui ont fait 85 morts et près de 500 blessés d’août à novembre.

Pascal Affi Nguessan, 67 ans, est apparu fatigué, avec des cheveux blancs et une barbe blanche inhabituels chez cet ancien Premier ministre d’habitude toujours tiré à quatre épingles. Il a confié “ne pas avoir été maltraité” pendant sa détention pendant que des dizaines de partisans fêtaient son retour dans sa luxueuse résidence du quartier huppé de Riviera Golf à Abidjan.

Président d’une faction du Front Populaire ivoirien (FPI, parti de l’ex-président Laurent Gbagbo), et porte-parole d’une partie de l’opposition qui ne reconnaissait pas la réélection du président Alassane Ouattara, il avait été arrêté le 9 novembre à une centaine de kilomètres d’Abidjan, après une cavale de quelques jours. Poursuivi pour “complot contre l’autorité de l’Etat”, “mouvement insurrectionnel”, “assassinat” et “actes de terrorisme” Pascal Affi N’Guessan a été placé sous contrôle judiciaire, suite à une audition devant le juge d’instruction. “Les charges n’ont pas été levées, la procédure se poursuit”, a précisé Me Dagbo Gode.

Parmi les autres leaders poursuivis par la justice, le numéro deux du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI,principal mouvement d’opposition) Maurice Kakou Guikahué a été évacué le 20 décembre en France pour des soins médicaux urgents, aux frais de la présidence, après un mois et demi de détention.

Le sort d’Albert Mabri Toikeusse, leader d’un petit parti d’opposition demeure mystérieux. Selon une source proche du pouvoir, il n’a pas été arrêté et se trouve en fuite au Ghana.

“J’espère que les autorités ne s’arrêteront pas à ma libération”, a dit M. Affi Nguessan.

Avec AFP