Invité de l’émission Lynx-Opinion de ce mercredi 30 décembre, Dr Faya Millimouno, prési du Bloc Libéral, a rappelé les épreuves que le peuple de Guinée a traversées. «Il y a eu un combat mené pour la protection de la Constitution de mai 2010. Il a fait beaucoup de victimes. Mais cette Constitution a été abrogée malgré tout au profit d’une nouvelle, légitimée celle-là, à la suite de la présidentielle du 18 octobre 2020, qui a vu Mr Alpha Condé, être déclaré vainqueur par les institutions compétentes.» C’est une année au cours de laquelle, «nous avons aussi vécu l’élection de l’actuelle Assemblée nationale. Il a été clairement observé que c’était un recul, mais c’était aussi la consécration d’une irresponsabilité qui a été observée au niveau des uns et des autres. L’année 2020 aura été une année éprouvante pour le peuple de Guinée, dont la fin de celle-là devrait interpeler les acteurs au-delà de leurs émotions, que chacun fasse son auto critique».

Sur le plan économique, Dr Faya Millimouno explique que l’année 2020 n’a pas connu d’avancées : «Il faut reconnaître que l’année a été remplie de campagnes. Même l’administration publique n’a pas fonctionné, les activités économiques ont été inexistantes. Cela explique toute la situation de précarité que nous vivons. Sur le plan social, nous avons vécu une situation qui doit nous amener à réfléchir. A cause de la politique, les Guinéens se sont découvert être des ennemis les uns vis-à-vis des autres. Heureusement que cette situation n’a pas gagné en ampleur au point de toucher l’ensemble de la population. Nous avons besoin de nous arrêter quand même sur ce qui s’est passé pour qu’ensemble nous réfléchissions à notre vivre ensemble».

Le leader du Bloc Libéral, exhorte : «J’étais de ceux qui, en 2010, croyaient que ça pouvait être très facile d’aller au-delà de la dimension ethnique pour construire la nation. Mais c’était sans compter avec l’éducation que les gens sont en train de recevoir dans les familles, dans les communautés. Aujourd’hui, l’ethnocentrisme est devenu un frein véritable au progrès social et économique de notre pays. Et chacun doit dans son quotidien, dans l’exercice de sa profession, du matin au soir, faire son auto critique parce qu’il est très facile de pointer le doigt en ignorant qu’on est soi-même ce qu’on est en train de dénoncer… Je veux voir en 2021, que tous ceux qui, à cause de leur opinion politique, se trouvent en détention, recouvrent leur liberté. Je veux voir l’appareil judiciaire de la Guinée se professionnaliser, augmenter en efficacité pour que nous construisions ensemble la paix, indispensable à la construction de notre nation. Je veux voir en 2021, la confiance se construire entre les Guinéens, parce qu’aujourd’hui, le manque de confiance a atteint son paroxysme. Il y a un manque de confiance entre le peuple et ses dirigeants, il y a un manque de confiance entre les acteurs sociaux, il y a un manque de confiance entre les acteurs de l’opposition, entre les acteurs de la mouvance, il y a un manque de confiance entre les Guinéens. Nous devons travailler pour mettre cela derrière nous, privilégier en 2021 le vivre ensemble».

Kadiatou Diallo