La ville de Macenta retrouve peu à peu son calme, après 48 heures de violences intercommunautaires inouïes. Mais la situation reste encore tendue dans les quartiers Mohamed V, majoritairement peuplé de Toma-manians, et de Bambalab, fief des Tomas. Le bilan est particulièrement lourd. Au moins 11 personnes ont été tuées et une trentaine d’autres blessées. Les forces de défense et de sécurité ont réussi à ramener le calme pour le moment. Elles sillonnent les quartiers chauds de la ville et empêchent tout regroupement. Mais cela n’empêche pas certains citoyens, qui redoutent d’autres violences, de fuir la ville. Pour Ibrahima Balaya Diallo, activiste de la société civile, les origines de ces affrontement sont bien plus qu’une question de paternité de la ville de Macenta. Il pointe la responsabilité de l’Etat : «On ne peut pas régler le problème en surface, il faut aller chercher la racine, les causes profondes. Malheureusement, celles-ci ne sont jamais clairement élucidées. Tant que cela n’est pas fait, nous aurons des crises à répétition. Ce qui s’est passé à Macenta n’est que la suite logique de ces séries de violences qui se passent en Forêt. Cela prouve que l’Etat n’est pas encore capable de gérer ces crises».

Ibrahima Balaya dénoncent les manipulations et les intérêts politiciens qui pousseraient certaines personnes ou certains groupes d’intérêts à tirer les ficelles, à raviver les flammes : «Ce sont des guerres d’intérêts parce qu’aujourd’hui, toutes les coordinations sont utilisées à des fins politiques. Nous le dénonçons, il faut commencer par dissoudre ces coordinations, elles apportent plus de problèmes que de solutions. J’ai l’impression que le vivre ensemble n’est plus possible dans ce pays. Nous vivons dans une socialité par territoire. Les politiques ont surfé sur des éléments de la violence. Tous les régimes ont fait de l’ethno-stratégie un système de gouvernance».

Pour sortir de cette crise dans la ville de Macenta et de tous les cycles de violences notamment dans la région forestière, cet activiste de la société civile invite : «Les acteurs politiques à dire la vérité. Nous avons l’impression qu’il y a des personnes qu’on veut toujours protéger. Il faut qu’on dise la vérité. Les Guinéens ne sont pas violents. Mais on est dans un pays où les gens ont baissé les bras. Il faut arrêter les instrumentalisations dans ce pays».

Yacine Diallo