Ce 25 mai, l’Union Africaine souffle ses cinquante-huit ans. Des millions d’Africains subissent le martyre dans des conflits interminables, et insoutenables pour la conscience universelle. Comme en…

Somalie, victime des incohérences de la communauté internationale

Située à l’extrémité orientale de la Corne de l’Afrique, la Somalie a depuis un peu plus de deux décennies sombres dans une violence,  cause d’une instabilité chronique. Ce pays semblait prédestiné à la stabilité, son homogénéité linguistique et religieuse servirait de ciment à une nation accomplie. La descente aux enfers a commencé en 1991, le président Mohamed Siyad Barre est destitué, les vainqueurs, Mohamed Farah Aïdid et Ali Mahdi Mohamed, s’affronteront pour le pouvoir, des milliers de civils périssent.

En 1969, le général Mohamed Siyad Barre, par un coup d’État, renverse le gouvernement élu démocratiquement, bonjour la République démocratique de Somalie. La Somalie était alors d’accord avec l’URSS, Barre proclamait son État, socialiste. En 1977, la Somalie tente de prendre le contrôle de l’Ogaden, territoire éthiopien. Dans cette guerre de l’Ogaden, l’URSS soutient le gouvernement marxiste de l’Éthiopie, ce qui mit fin aux bonnes relations entre les deux alliés. Les États-Unis se rapprochent de la Somalie. De la guerre de l’Ogaden (1977-1978) est sorti très épuisé le pouvoir de Barre, la Somalie est en proie à une famine endémique qui touche à son paroxysme en 1984.

Le pays est déchiré dans les années 1990 par les factions politiques. Le népotisme public, la corruption ébranlent la confiance envers le gouvernement central. Le mécontentement est à son comble, le régime de Siyad Barre s’effondre en 1991. Le pays n’est pas loin du chaos. Il n’est pas exagéré de parler d’Etat néant. Le pays est sous la gouverne de seigneurs de guerre sans idéologie ni agenda politique, mus que par l’appât du gain et le pillage. Le trafic de drogue et d’armes est leur sport favori. Ces seigneurs de guerre ne veulent pas de gouvernement central, il menace leurs activités illicites.

Le vide d’Etat est comblé par les seigneurs de guerre tribaux et les activistes islamistes. Des pays occidentaux et asiatiques en profitent, leurs navires de pêche siphonnent en toute illégalité les eaux somaliennes, pour une curée qui s’apparente à la piraterie «industrielle».

La communauté internationale, Union africaine en tête, tente de construire un nouvel Etat, mais le gouvernement central soutenu par l’Ethiopie voisine, l’allié américain et des troupes africaines résiste tant bien que mal, il ne contrôle qu’une partie de la capitale, Mogadiscio. Le jeu trouble des Occidentaux a conduit à la désintégration progressive du pays, avec la république autoproclamée du Somaliland au Nord et la «Région autonome du Punt-land» au Sud que la propagande occidentale se plait à dire mieux gouvernées que le reste du pays.

Nul n’est en mesure de prévoir quand et comment le pays pourra se redresser. La communauté internationale davantage se préoccupe-t-il de l’effet collatéral de la déliquescence de la Somalie : la piraterie qui nuit aux intérêts occidentaux dans le golfe d’Aden. La résolution du chaos politique ne semble pas l’intéresser. Les Somaliens s’entretuent par factions armées interposées, la situation du pays est le cadet des soucis de la communauté internationale.

Solution militaire, non. Plutôt solution politique, qui tienne compte de la position et des intérêts de toutes les parties prenantes à ce regrettable conflit.

Thierno Saïdou Diakité