Les négociations entre les délégués syndicaux et les émissaires de la junte autour des revendications syndicales peinent à rependre. Le mouvement syndical va en aviser.

Le mouvement syndical exige la baisse des prix des denrées de première nécessité, l’application intégrale du protocole d’accord tripartite du 15 novembre 2023, l’application intégrale du protocole sectoriel de l’éducation du 27 octobre 2023, la fin du musellement de la presse privée.

Les négociations devaient reprendre le 4 mars au Conseil national du dialogue social (CNDS). Mais les autorités les ont délocalisées pour le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation, sous la houlette du ministère de la Fonction publique et du travail au lieu du CNDS. Depuis lors, ça patine, les syndicalistes se posent des questions.

Le 11 mars, Abdoulaye Barry, de la commission des négociations syndicales, a constaté que les négociations sont « bloquées. Nous n’avons pas reçu de courrier. Le CNDS est, pour le moment, dans l’incapacité de relancer les négociations. Donc, nous restons en attente jusqu’à ce que nous soyons invités à reprendre les négociations.» Il précise qu’il « n’y a pas eu entente » entre le ministère de la Fonction publique et le CNDS autour de la gestion des négociations. « Le ministère de la Fonction publique a demandé à ce qu’on se retrouve, mais le CNDS ne s’est pas dessaisi du dossier. Si le ministère arrive à le faire dessaisir du dossier, le mouvement syndical pourra étudier la possibilité de répondre. Pour le moment, nous suivons le premier courrier du ministre de la Fonction publique confiant la conduite des négociations au CNDS ».

Le 12 mars, Abdoulaye Sow, le secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), confie que le mouvement syndical reste à l’écoute des autorités pour la reprise des négociations.

Joint au téléphone, Aboubacar Soumah, le secrétaire général du Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (Slecg), délégué syndical, trouve « paradoxal » le fait que le même jour (4 mars) le mouvement syndical soit invité et par le CNDS et par le ministère de la Fonction publique à reprendre les négociations. « Nous avons pris les dispositions pour négocier au ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation, mais il n’y a pas eu de suite. Le Premier ministre Amadou Oury Bah nous avait dit que nous allions continuer avec le CNDS. Jusqu’à présent, on n’a reçu aucune invitation de la part de qui que ce soit pour la relance des négociations.»

Aboubacar Soumah déclare que le mouvement syndical se retrouvera sur le lendemain pour décider.

Panier de la ménagère-Ecole

La veille du Ramadan, les autorités et les opérateurs économiques ont procédé à une baisse légère du prix du sucre, de l’oignon, de l’huile… Le sac de riz de 50Kg reste à 340 000 francs, officiel. Pour Aboubacar Soumah, les prix restent « inabordables, l’Etat devrait subventionner, renoncer à certaines taxes sur les produits de première nécessité et à l’instar gouvernements d’avant, faire des sacrifices sur le riz, l’oignon, le lait, l’huile, le sucre, fût-ce pendant le Ramadan. La situation est très difficile », martèle Aboubacar Soumah. Qui se dit convaincu que le protocole d’accords signé entre les autorités et le mouvement syndicat aboutira, « d’une manière ou d’une autre. Nous sommes prêts au niveau de l’éducation à tirer les conséquences si le protocole n’est pas respecté. »

Yaya Doumbouya