Mamadi Doum-bouillant a annoncé la tenue du Référendum constitutionnel cette année ; Dansa Courroux-mât, une ébauche de Constitution, ce mois de mars finissant. Mais au rythme où les choses se déroulent, le retour des civils au pouvoir n’est pas pour demain.

« Au cours de la nouvelle année sera soumise à référendum une nouvelle Constitution qui nous ressemble et nous rassemble, approuvée par le peuple, qui n’est pas du copier-coller, mais qui s’inspire du passé pour bâtir ensemble notre avenir », avait clamé le 31 décembre 2023, dans son discours des vœux (pieux) de nouvel an, le gêné-râle Mamadi Doum-bouillant.

Mi-février, à Dubaï, le Prési du CNT, Dansa Courroux-mât, hasardait : « Le mois prochain, inch’Allah, avec le leadership du Président de la République, nous allons présenter au peuple de Guinée les premières ébauches de la nouvelle Constitution. » Offensive de charme envers les invités à la Table ronde des bailleurs de forme ou déclaration fondée sur du concret ? A une semaine de la faim du mois de mars, les Guinéens attendent toujours. Et dire qu’au sein même du CNT, il n’y a pas de lisibilité ! A en croire une source proche de la commission constitutionnelle, on en est encore à se demander qui du parlement de transition et du CNRD doit présenter l’avant-projet de loi.

« Tout le monde peut faire l’ossature du texte. Les positions achopperont sur les questions politiques : nombre et durée de mandats présidentiels ; limitation ou non du nombre des partis politiques, l’âge des candidats, l’organe de gestion des élections », égrène un CNTêtard, sous l’anonymat. Deux ans après son installation, le Conseil national de transition s’est borné à adopter des conventions, les lois de pitances ou encore voter des résolutions. Hormis tenir un débat sur le constitutionnalisme, son bilan en termes de législation entrant dans le cadre d’un retour à l’ordre constitutionnel est très maigre. La promesse d’une constitution sans précédent, infalsifiable (sic) tarde à se réaliser. Or, en 2010, le CNT d’alors avait disposé seulement de trois mois pour concocter une Loi fondamentale et des lois organiques. Mais autre temps, autres mœurs.

« Compromis dynamique » et compromission

Au-delà du CNT, c’est toute la Transition qui se hâte au pas de caméléon. Il y a un an, le gêné-râle Doum-bouillant jurait, la main sur le palpitant, qu’il « ne passera pas un jour de plus à l’issue des 24 mois de la transition. Il a donné sa parole au peuple de Guinée », rapportait le porte-voix du goubernement, Ousmane Gawa Diallo, au sortir d’un Conseil des ministres. « Dans un compromis dynamique, les experts de la Cedeao et de la Guinée ont conjointement développé un chronogramme consolidé de la transition étalé sur 24 mois », prévoyait l’accord issu du dialogue junte-classe politique-Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Dans sa lettre et son esprit, la Transition s’achève en décembre prochain.

Sauf que le nouveau PM, Amadeus Oury Bah, a fait une récente sortie médiatique chez nos con(.)frères de RFI qui donne à réfléchir. « Je pense que la durée de la Transition dépend de ce qui va être fait sur le terrain. Nous avons besoin de finaliser le recensement administratif à vocation d’état-civil. Et de ce fichier, il y aura l’extraction pour avoir le fichier électoral. Le Référendum a été déjà indiqué comme étant un objectif majeur par le président du CNRD, le général Mamadi Doumbouya. D’ici la fin de l’année, il faut nécessairement que le Référendum constitutionnel puisse être tenu. A partir de ce moment-là, les autres processus électoraux vont être déclinés », a-t-il bégayé. « Et je pense que 2025 est une bonne période pour couronner l’ensemble du processus », a-t-il renchéri, non sans ajouter inch’Allah. 

Ce qui n’a pas manqué de provoquer une levée de boucliers au sein de la classe politique. Mais en projetant le seul Référendum cette année, le Prési de la Transition dévoilait ainsi sa volonté de rester au pouvoir plus que prévu. Le retour à l’ordre constitutionnel étant assujetti à l’exécution d’autres tâches et à la tenue obligatoire d’autres scrutins (communaux et communautaires, législatifs et présidentiel). Les dés sont pipés, depuis belle lurette.

Diawo Labboyah