Les prêts accordés par les institutions de Breton Woods aux pays du tiers-monde sont-elles à la base du retard de ces derniers ? C’est en partie ce que pensent certains acteurs de la société civile africaine. En conclave à Cona-cris depuis ce 6 novembre, ces acteurs bavardent sur ce qu’ils appellent les dettes illégitimes des pays du sud, leurs impacts, mais également les alternatives. Ils mobilisent les acteurs de la société civile venus d’horizons différents (Cona-cris, intérieur du pays et quelques pays étrangers) sur la problématique de la dette et du développement, en se focalisant sur les micro-finances qui, pour eux, deviennent un outil contrairement à ce qu’ils pensaient. Ils analysent l’impact de la dette sur l’accès aux droits humains, font des propositions d’alternatives. Ils entendent également construire des alliances au sein de la société civile africaine pour s’organiser contre cette “dette illégitime qui bloque le développement” des pays africains.
A la cérémonie d’ouverture, Bourlaye Bakayoko, membre de la société civile malienne, a tiré à boulets rouges sur le FMI qui, selon lui, fait payer aux africains des dettes qu’ils n’auraient pas contractées : « La question de la dette est avant tout une question politique. Notre rôle c’est de mobiliser contre les dettes illégitimes, odieuses et insoutenables. Mais le dernier mot revient aux gouvernements. C’est aux Guinéens de pendre la décision de suspendre le remboursement de la dette. On nous dit qu’un audit de la dette intérieure est en cours, il serait également important que la dette extérieure soit auditée. On ne peut pas demander au citoyen de rembourser une dette qui n’a pas servi à son développement. On fait croire aux africains que c’est l’occident qui les finance, alors que ce n’est pas le cas ».
Ils appellent la société civile guinéenne à s’interroger sur les propositions que les institutions internationales, notamment le FMI, font aux pays africains : « Le FMI lors de son dernier séjour en Guinée a fait des recommandations. Parmi ces recommandations il y a l’augmentation du prix de l’électricité. Ce n’est pas bon pour la Guinée. Le Malien a vécu cette expérience, le FMI a exigé l’augmentation des tarifs d’électricité pour régler les problèmes des délestages. Il y a eu plus de coupures qu’avant, alors à quoi a servi l’augmentation? Nous demandons aux Guinéens de ne pas accepter cette imposition ».