Les nounous de l’opposition respire-lacrymogène ont bravé l’interdit. Elles ont battu le pavé comme prévu ce mardi 13 novembre, pour dénoncer les tueries des militants de l’opposition lors des manifs politiques. Mais la marche a été stoppée net au rond-point Bellevue par les flics de la CMIS de Dixinn. Pourtant tout avait bien commencé le matin. Les flics ont tenté de dissuader les marcheuses qui n’ont rien voulu entendre. Des centaines de nounous, pancartes à la main sont parties de Bambéto vers 10h 50 minutes. Scandant des slogans peu agréables pour le Prési Alpha Grimpeur, Otis Keira de (l’in)sécurité et le tout nouveau dirlo de la Police le “Bafoué”. Le dispositif sécuritaire déployé à Bambéto n’a fait que constater la hargne des manifestantes à l’égard des hommes en tenue. « Laissez-les partir, il y’a un cordon sécuritaire devant » murmure un flic. Le cortège déferle sur Dixinn, via Hamdallaye. En tête, dépitées et responsables de femmes de l’UFDG, mais également celles des autres partis politiques de l’opposition. Elles seront rejointes à Dar-Es-Salam par Halimatou Dalein Diallo un peu plus tard. « Si la Police et la Gendarmerie étaient là pour nous sécuriser, il n’y aurait pas eu tous ces morts. Nous dénonçons ces actes parce que nous en avons marre. S’ils veulent ils n’ont qu’à marcher sur nos cadavres, mais nous allons dénoncer les assassinats » s’exclame la dépité Fatoumata Binta Diallo. De Bambéto à la Minière en passant par Hamdallaye et Dar-Es-Salam aucun incident majeur. Par la suite les marcheuses ont été prises dans une sorte de piège. Une horde de policiers a bouclé le passage au rond-point Bellevue et les Gendarmes en ont fait de même à Hamdallaye dès le passage du cortège. Le face-à-fache entre protagonistes a été tendu. Mariama Tata Bah se lâche « On nous demande de nous retourner, mais nous ne quitterons pas. Ils n’ont qu’à nous arrêter ou nous tuer. Ils déjà ont tué cent-une personnes, cela ne peut pas continuer dans ce pays. Nous ne sommes pas dans une jungle ».

Les policières tentent une médiation, de courte durée. Le bras de fer s’engage. Dépassés par la tournure des événements, les policiers pulvérisent la foule de gaz lacrymogène. C’est la débandade. Les nounous sont malmenées, certaines molestées, leurs foulards arrachés. Les marcheuses se sont dispersées dans les quartiers, avant de se retrouver quelques minutes plus tard au QG de l’UFDG à CBG. Des blessés, il y’en a eu quatre. Quatre femmes touchées par des projectiles dont l’honorable Hawa Binta Diallo qui serait sous observation dans un hôpital de la place. « Nos forces de sécurité ont une fois de plus montré qu’elles sont barbares, qu’elles ne sont constituées que des meurtriers. Ils brutalisent des manifestantes pacifiques pour faire plaisir à un ministre de la sécurité qui ne joue pas son rôle. Ils ont montré qu’ils ne sont pas encore prêts à arrêter de tuer, mais nous allons continuer le combat » lance Maimouna Diallo, patronne de la commission d’organisation de la manif. Et Halimatou Dalein Diallo de renchérir : « Nous avons voulu dire à ce gouvernement de cesser de faire assassiner nos enfants. Ils envoient les forces de l’ordre pour nous battre. S’ils pensent qu’en agissant ainsi ils vont nous décourager ils se trompent. Nous sommes loin d’être découragées »

Makalé Traoré pour réconforter

Après la dispersion de la manifestation, la patronne de la COFIG, Makalé Traoré a débarqué au QG du principal parti de l’opposition pour, dit-elle, véhiculer un message d’apaisement après une semaine agitée et trois morts. Consigne a été donnée par les responsables de l’UFDG de l’accueillir par des applaudissements : « J’ai le coeur qui saigne. C’est vrai que je ne peux pas marcher parce que je suis de la société civile. Mais être de la société civile ne veut pas dire de se taire sur toutes ces violences, ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas de part et d’autre apaiser. Quand les femmes sont concernées je me lève. C’est pourquoi vous me voyez ici ».

Yacine Diallo