Après plusieurs heures de tergiversations, les nounous de l’opposition respire-lacrymogène ont brièvement battu le pavé, ce jeudi, 1er novembre. Elles entendaient exprimer leur ras-le-bol suite aux morts survenues en haute banlieue lors des manifs politiques. Mais comme lors de la marche de l’opposition mardi, les farces de l’ordre étaient décidées à étouffer la protestation.

Un dispositif sécuritaire impressionnant a été déployé tout le long de l’itinéraire (esplanade du stade 28 septembre – carrefour Donka – mystère de la sécurité). Des “gendarmettes” et policières pour le plus grand nombre. Pas moins de 15 véhicules de police et de gendarmerie stationnés sur l’esplanade du stade 28 septembre. Ils ont attendu toute la matinée, aucune manifestante. Constatant qu’elles ne pouvaient pas faire le poids face à cette horde de flics, les marcheuses s’étaient retranchées devant la mosquée Fayçal. Démasquées par les flics quelques heures plus tard, elles décident finalement de braver l’interdit.

A 14h, la marche démarre, une centaine de femmes prend la direction du mystère de la sécurité. En tête du cortège, les dépitées de l’UFDG et les responsables de femmes d’autres partis de l’opposition, dont le GRUP et le BL. Les “fliquettes” s’interposent et le crêpage de chignon commence. Des slogans fusent : “Alpha zéro”, “Alpha assassin”, “Justice aux ordres”, “Justice pour nos morts”, “Halte aux assassinats ciblés”. Des pancartes et banderoles avec les visages de certaines victimes étaient également exposées.

La bousculade entre manifestantes et flics a duré près d’une demi-heure. Surprises par la détermination des marcheuses, les farces de sécurité engagent des négociations, les laissent rejoindre l’autoroute Fidel Casse-trop, avant de les stopper net au carrefour Donka. Hors de question de les laisser approcher des bureaux d’Otis Keira : « Même si elles restent ici jusqu’à demain matin, nous sommes prêts mais elles ne passeront pas » s’exclame un flic. Des cris, des larmes et quelques grossièretés ont rythmé la promenade. Les femmes ont finalement décidé de passer leur message au carrefour Donka : « Nous avons voulu marcher aujourd’hui pour attirer l’attention du ministre de la sécurité parce que ce sont ses hommes qui tuent nos enfants. Nous sommes au 100e mort si on compte ceux de Kindia et de Mandiana, jusqu’aujourd’hui aucune enquête. Même un minimum de compassion, il n’y a pas eu. Nous avons voulu dire au ministre qu’au lieu de s’asseoir devant son poste téléviseur et dire que nos enfants sont tués par des bandits, il n’avait qu’à ouvrir ses yeux pour voir les dégâts que ses hommes causent dans les quartiers. Mais il a prouvé qu’il n’est pas courageux, sinon il allait prendre ses responsabilités en nous recevant. On aurait voulu lui dire que c’est lui qui assassine nos enfants » martèle Maimouna Bah de l’UFDG.

Avant de se disperser, les nounous ont promis de remettre cela dès la semaine prochaine: « Ils ont refusé de jouer leur rôle, mais l’histoire va les rattraper. Nous disons seulement que nous n’allons plus nous arrêter, jusqu’à ce que ces tueries cessent dans tout le pays. Dès la semaine prochaine nous allons dérouler un autre programme de manifestations parce que nous nous demandons quelle intelligence a monsieur le ministre pour parler des auteurs de ces crimes sans aucune enquête. Nous allons continuer la lutte » ajoute Maimouna Bah.

Ce 1er novembre, fête de l’Armée guinéenne, les flics ont fait preuve de retenue. Pas de gaz lacrymogène, pas de matraques, encore moins d’armes à feu. Aucun incident majeur. Si cela pouvait se reproduire dans des zones comme Hamdalaye, Bambéto, Cosa ou encore Wanidara on pourrait peut-être se diriger vers la fin des drames lors des manifs politiques.

Yacine Diallo