Le 9 novembre, à la maison commune des journaleux à Coléah-Lanséboundji, le désormais second bureau de l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée (USTG), était sur la braise. Dans la marmite, le poing sur la situation actuelle de l’USTG et la présentation du nouveau bureau. L’USTG a tenu son 6ème Congrès national les 26, 27 et 28 octobre dernier à Mamou. Un congrès que le bureau sortant, dirigé par Louis M’Bemba Soumah, avait annulé et auquel il n’avait pas participé.

Selon Abdoulaye Camara, secrétaire général adjoint de l’USTG, c’est suite à un communiqué signé par Louis M’bemba Soumah, secrétaire général sortant de l’USTG, qu’a été convoqué le 6ème Congrès. « C’est suite à de multiples réunions tenues au siège de l’USTG par le bureau exécutif national que la décision a été prise pour aller au congrès. Pour la simple raison que depuis le 19 avril 2018, notre mandat était arrivé à expiration. Après des mois de tractations et débats sur la question, finalement sur la base du consensus, on s’est convenu d’aller faire le congrès à Mamou ». Il a précisé que toutes les structures syndicales étaient représentées à travers leurs secrétaires généraux. Initialement prévu pour les 23 et 24 et 25 octobre, il y a eu un léger report à la demande de la fédération des transports qui avait trois de ses membres en mission. « Le secrétaire général d’une centrale syndicale est élu au même titre que les autres. Il n’a aucun pouvoir de décision. Il est obligé de se soumettre à la volonté des membres du bureau qui se réunissent pour prendre la décision sur PV. Donc, Louis M’bemba en tant que tel n’a aucun pouvoir de prendre une décision que ça soit ».

El hadj Alpha Mamadou Diallo, 3eme secrétaire adjoint, a ajouté qu’ils ont été surpris qu’à la veille, Louis M’bemba ait demandé à surseoir au congrès. « Aucun syndicat n’a le droit d’empêcher la tenue d’un congrès national planifiée à l’avance. Parce qu’avant de partir à Mamou, des courriers ont été adressé au Chef de l’Etat, au Premier ministre, chef du gouvernement et à certaines institutions. Ensuite des courriers d’invitation ont été également adressé à toutes les structures décentralisées qui devraient prendre part au congrès et aux autorités locales ». Le nouveau bureau issu du Congrès de Mamou est composé de 31 membres.

Le compte bancaire vidé !

Les conférenciers ont affirmé qu’après la tenue de leur congrès, le groupe de Louis M’bemba serait passé à la banque pour vider le compte de l’USTG. Alerté, le bureau entrant aurait pris ses dispositions en bloquant tout mouvement sur le compte. « Quand nous étions à Mamou, ils ont retiré 30 millions de francs guinéens sur le compte de l’USTG. Quand nous sommes revenus, ils ont voulu faire une deuxième opération pour vider le reste. Chose que nous n’avons pas accepté, nous avons prévenu la banque pour signifier qu’aucune opération n’est possible sur le compte désormais. La banque à son tour a gelé tout mouvement sur le compte », a expliqué Maurice Dopavogui, 1er secrétaire général adjoint. Parlant de la légitimité du nouveau bureau, Maurice Dopavogui a précisé que ce 6ème Congrès a eu lieu sous le regard d’un huissier de justice du début jusqu’à la fin. Les membres du bureau entrant entendent user de la légalité pour récupérer le siège. « C’est un bâtiment qui appartient à un particulier. Donc, nous allons saisir la justice pour que l’affaire soit réglée. Nous leur donnons juste dix jours, nous nous installerons dignement dans notre siège. Si après les dix jours, ils ne nous libèrent pas le siège, nous userons de tout pour nous installer dans notre siège », a-t-il menacé. Selon M. Dopavogui, une procédure judiciaire est en cours contre Louis M’bemba Soumah et son équipe pour qu’ils remboursent les fonds qu’ils ont retirés du compte de l’USTG pendant que le congrès se tenait à Mamou. Le coût du 6ème Congrès s’élèverait à la misère de 134 millions de francs glissants. Il jure, la main sur le palpitant, qu’aucun centime de ce montant n’est venu des caisses de l’Etat.

Il faut rappeler que Louis M’Bemba Soumah et son équipe projettent un autre congrès dans les prochains jours. C’est parti pour un autre bicéphalisme au sein cette autre centrale syndicale. L’épilogue de la CNTG en 2011 n’a pas servi de leçon à l’USTG. Tant pis pour les travailleurs de Guinée.