Le bicéphalisme a le vent en poupe au sein des syndicats guinéens. Après le SLECG, c’est l’USTG, Union syndicale des travailleurs de Guinée, qui assiste à la naissance d’une deuxième version. Alors qu’un congrès a déjà été tenu à Mamou fin octobre par une faction au nom de cette centrale, l’USTG façon Louis M’Bemba Soumah a, à son tour, démarré son congrès ce lundi, 19 novembre, dans la salle du Congrès du Palais du peuple. Il a réuni des fédérations telles que la FESABAG, le SLECG qui ont fait leur retour dernièrement, la FESATEL, celles du transport, du port, des mines, de l’hôtellerie, entre autres. A leurs côtés, les organisations de la société civile (PECUD, CNOSC) et d’autres centrales syndicales. Pendant trois jours, 150 congressistes venus d’horizons différents s’attèleront au toilettage des textes qui régissent la centrale, avant d’élire un nouveau bureau de 29 membres.
A la cérémonie d’ouverture, la division au sein du mouvement syndical guinéen et la grève des enseignants ont été les points marquants. Louis M’Bemba Soumah, secrétaire gênant sortant de l’USTG, s’est félicité du retour des anciens frondeurs. « Vous savez, la politique, actuellement, c’est diviser pour régner. On a tenté de nous diviser mais je crois qu’avec l’aide de Dieu, ça n’a pas marché. Tous ceux qui étaient partis sont revenus dans la famille. Heureusement, mes chères sœurs et frères, l’Union syndicale des travailleurs de Guinée, est une centrale syndicale de dialogue, de paix, de quiétude sociale et de participation au développement ». Maître Mohamed Traoré, le bâtonnier abonde dans le même sens : « Le syndicalisme est mis à rude épreuve, à chaque fois que nous constatons que le syndicat traverse une zone de turbulence, nous sommes inquiets. Les syndicalistes doivent rester unis parce que la tendance est de diviser toute structure qui peut constituer un contrepoids à un certain nombre de choses ».
La grève des enseignants, déclenchée depuis maintenant plus d’un mois, a été longuement évoquée. Gouvernement et responsables du SLECG n’arrivent toujours pas à accorder leurs violons sur les huit millions de salaire de base des enseignants et chaque camp campe sur sa position. Une grosse injustice, indique Abdourahmane Sanoh de la PECUD : « Ce congrès doit réussir à travers notre humilité, notre détermination, notre intégrité. Ce congrès doit réussir parce que la Guinée en a besoin. Nous traversons une période extrêmement pénible. Cette grosse injustice envers les enseignants, les travailleurs de Guinée, mais surtout envers deux millions d’enfants qui depuis sept mois sont à la maison parce qu’ils sont issus de familles modestes ».
Deux factions se battent désormais au sein de l’USTG. L’une dirigée par Louis M’Bemba, soutenue par la FESABAG et le SLECG depuis leur retour. L’autre c’est la bande à Abdoulaye Camara, celui qui s’est fait élire à Mamou. L’adversité entre les deux parties est telle que les protagonistes menacent de se traduire en justice. Mais pour Abdoulaye Sow de la FESABAG, Abdoulaye Camara et son groupe font du bruit pour rien : « Nous n’allons pas en villégiature à l’intérieur du pays parce que toutes les fédérations sont là. Ce que je sais c’est qu’il y a eu des amis, des copains et des coquins qui se sont retrouvés en villégiature. Il y a des personnes qui ont voulu faire du faux et usage de faux. Ils ont voulu transformer le message de solidarité envoyé par l’Internationale Sociale en message de reconnaissance. Nous sommes 26 membres de l’USTG, c’est un groupuscule de 11 personnes qui cherche à semer la pagaille. Ils passent leur temps à raconter des histoires dans les medias ».
Ce 6e congrès prendra fin mercredi prochain. Malgré les multiples appels à un rajeunissement des instances de la centrale, Louis M’bemba est resté évasif sur une éventuelle candidature à sa propre succession. Il a juste affirmé vouloir œuvrer pour l’unité de l’USTG. Abdoulaye Sow, lui, n’écarte pas la possibilité de se présenter mais laisse le choix à sa base.