Le calme n’est toujours pas revenu au quartier Wanindara. Au lendemain des morts du brigadier-chef Bakary Cas-marrant et de deux autres jeunes, les farces de l’ordre continuent leur expédition punitive contre le populo. Depuis hier jeudi, la zone est quadrillée par des flics et des pandores. Plus personne n’ose pointer le nez dehors. Les habitants, terrés chez eux, subissent la colère des flics. Une dizaine de concessions ont été vandalisées. Portes cassées, lits et armoires renversées. Des enfants et des vieilles femmes malmenées, blessées, des jeunes sortis de leurs cachettes, roués de coups et embarqués dans des pick-up.
Après une brève accalmie dans la matinée de ce vendredi, les flics sont revenus en surnombre. Ils pulvérisent les concessions de gaz lacrymogène, renversent les marmites trouvées sur le feu. Des citoyens qui se sont retrouvés dans l’embuscade sont agressés. Des motos retirées, brûlées sur la chaussée. Les coups de feu tombent de façon sporadique. « Puisque vos enfants ne sont pas éduqués, nous allons les discipliner », clame un flic devant des chefs de famille qui cherchaient refuge dans le voisinage, apeurés.
En attendant la discipline, des habitants du quartier ont rangé leurs affaires et déserté leurs concessions : « Hier, vers 16 h, ma sœur s’est fait agresser dans son salon par des agents de la police. Elle est chez moi aujourd’hui, sa concession est vide. Pourtant, Baffoé et ses hommes étaient là, ils n’ont rien fait. Si les autorités ne font pas face à ce problème, nous assisterons à un carnage dans le quartier », prévient Dr Mamadou Baldé, frère d’une victime.