Le procès opposant Thierno Mamadou Dansoko à Hadiatou Bah alias Hadya Présie, Mamadou Aliou Kanté et Mohamed Chérif Conté a repris ce 17 février, au tribunal de première instance de Dixinn. La cinéaste et ses coaccusés sont poursuivis par l’opérateur économique pour : «Chantage et tentative d’extorsion».

Cette audience devrait notamment être consacrée à la comparution de la partie civile. Mais les avocats du plaignant n’étaient pas présents pendant la comparution des prévenus à l’audience précédente. Aussi, les représentants du ministère public ont tenu mordicus à leur poser des questions avant la déposition de leur client.

«Qui a adressé à monsieur Dansoko le message demandant 80 000 dollars et une voiture ?» s’interroge le représentant du ministère public. «C’est moi», répond Hadya Présie. « Sur quelle base vous pouvez demander à Monsieur Dansoko toutes ces choses ?» « C’était pour qu’il arrête de me harceler». « A-t-il commis un crime?» « Il m’a harcelé. Je me demande ce que j’ai de particulier pour qu’il pose 3 000 dollars sur la table. Il aurait pu avoir tout ce que j’ai avec une autre. Sur la tombe de ma jumelle, je n’ai jamais couché avec un homme. Le tribunal peut requérir les services d’un médecin. Je suis prête à faire le test».

«Ne pensez-vous pas que monsieur Dansoko cherchait autre chose sur vous que le plaisir ?», lui demande un de ses avocats. « Je n’en sais vraiment pas».

La défense a une nouvelle fois voulu que les audios attribués au plaignant dans lesquels il aurait demandé des faveurs sexuelles soient écoutés. La partie civile et le parquet s’y sont opposés : « Ces audios ont été écoutés la semaine dernière. Si la défense veut les utiliser, qu’il vous plaise de saisir un juge d’instruction », s’exclame le représentant du ministère public. Le juge a décidé d’écarter ces audios. Du moins, à ce moment de la procédure. Il a ordonné la comparution de la partie civile.

A la barre, Thierno Mamadou Dansoko a réfuté toutes les affirmations de Hadya Présie. Il dit être victime de sa gentillesse : « C’est avec un pincement au cœur que je me trouve dans ce tribunal pour évoquer ce dossier. Un jour, j’étais à mon bureau, on m’a envoyé des vidéos de Hadya Présie faisant la publicité de ma marque. Sans savoir qu’elle cherchait à m’avoir, friand des publicités, je me suis dit qu’elle pouvait aider la marque à avoir de la visibilité. J’ai demandé à une amie de la faire venir, je lui ai proposé de travailler ensemble. Elle était d’accord, elle voulait 3 000 dollars, pour que mes produits sortent dans un film qu’elle préparait. Mais quand elle nous a parlé de ce film, nous avons trouvé qu’on ne peut pas associer nos produits. Parce que, d’après elle, elle voulait montrer que les femmes peuvent être libertines. Elle est revenue une deuxième fois. J’ai compris qu’elle n’avait pas de projet. Nous lui avons offert 1 000 dollars… »

Selon lui, c’est à partir de là que la prévenue a commencé à le menacer : « Pour moi, c’était fini. Mais, elle m’a rappelé pour me dire qu’elle avait vraiment besoin de cet argent. J’ai répondu que nous avons décidé de ne pas donner suite à sa demande. Elle m’a dit même s’il faut coucher avec moi, elle était prête. Elle m’a demandé de la rappeler pour en discuter. Je lui ai demandé à quel moment elle allait me rembourser mon argent. Elle a dit : mars ou avril. J’ai demandé une garantie, elle a dit : ‘’Est-ce que tu m’as vu ? Je ne constitue pas une garantie ? ’’ Vers 21h, elle m’a envoyé des audios, m’a dit : ‘’Comme toi tu ne vaux pas 3 000 dollars, je vais te montrer que je vaux plus». Elle m’a dit : « J’ai envoyé deux autres audios à quelqu’un à l’étranger, pour lui dire que tu me manaces’’. C’est à partir de là que j’ai commencé à flipper. Je lui ai alors envoyé un message, pour lui dire que je pensais qu’on était dans nos amusements habituels. Je lui ai dit de me pardonner si elle est vexée dans nos échanges. Elle m’a dit : ‘’Je t’ai demandé de lui donner cet argent. Même à crédit, tu as refusé. Tu paieras plus, sinon, je vais t’humilier sur la toile.»

Thierno Mamadou Dansoko n’a pas nié avoir proposé les 3 000 dollars à Hadya Présie, mais il insiste que c’était pour éviter que son nom ne se retrouve sur les réseaux sociaux : «J’ai donné 3 000 dollars à mon frère, pour les remettre à Hadya Présie. Il est allé la trouver droguée, avec des jeunes qui l’ont menacés…»

«Pourquoi avez-vous voulu donner cet argent, si vous ne vous reprochiez de rien?», lui demande un avocat. Monsieur Dansoko répond : « Je l’ai fait pour ma crédibilité, pour ne pas qu’on nuise à ma réputation. Je ne voulais pas que ces messages sortent. Je voulais éviter ce chantage».

Le plaignant accuse Hadya Présie d’être une habituée des faits : « Elle l’a fait avec plusieurs opérateurs économiques. Au début, elle m’avait même demandé de l’aider à entrer en contact avec certains hommes d’affaires».

Les plaidoiries et réquisitions ont suivi le passage de Thierno Mamadou Dansoko à la barre.

Yacine Diallo