Mardi 6 février, aux environs de 19 heures, un grave incendie s’est produit dans l’usine de fabrication de matelas au quartier Gbessia, commune de Matoto. Pas de perte en vies humaines, mais des dégâts matériels considérables. Un court-circuit serait à l’origine du brasier.
Le feu s’est déclaré juste après le crépuscule (19h 10). Les flammes ont rapidement gagné du terrain, laissant aucune chance aux vigiles et employés de sauver quoi que ce soit. Machines, matière première, produits finis, le brasier a tout consumé à l’intérieur. Les sapeurs-pompiers, arrivés rapidement sur les lieux ont réussi à maîtriser l’incendie. Les voisins ont échappé au pire. Famara Soumah est le premier responsable de l’usine et assistant du PDG: « Nous avons travaillé jusqu’à 18h, avec le groupe électrogène. Quand l’électricité d’EDG (Electricité de Guinée) est revenue, j’ai changé la phase moi-même. 20 minutes après mon départ pour la maison, on m’informe au téléphone que l’usine a pris feu. J’ai fait demi-tour et j’ai appelé les pompiers. À mon arrivée, les flammes avaient atteint toute l’entreprise et tout est parti en fumée…» Il parle d’énormes pertes. Rien qu’en matière première, il aurait perdu 15 tonnes, dont chacune coûterait près de 5 000 dollars américains. « Nous avons aussi perdu de la marchandise d’une valeur de 500 millions de francs guinéens. Les sapeurs-pompiers ont fait un travail remarquable. Ils ont empêché le feu de se propager sur le voisinage. Heureusement, il n’y a eu aucun mort ni blessé. »

 L’assistant accuse EDG d’être à l’origine du brasier avec les variations d’intensité électrique. Il laisse le choix au PDG de porter plainte ou non. Ce mercredi 7 février, les autorités locales se sont rendues sur les lieux. Famara souligne qu’elles ont fait un constat avant de convoquer le patron au Commissariat de Gbessia, pour sa déposition.

Des sinistrés mécontents

Détenteur d’un atelier de soudure à proximité de l’usine, Sidiki Condé est témoin oculaire, il narre : « Ce qui s’est passé ici hier a causé beaucoup de dégâts. Je n’en croyais pas à mes yeux, tellement que les flammes étaient gigantesques. Le courant est revenu vers 19h, on a commencé à travailler, nous avons vu les flammes. Au fil et à mesure, la situation s’aggravait. Nous sommes sortis de l’atelier pour se sauver. C’est Dieu qui nous a sauvés, puisque l’incendie ne s’est pas déclaré pendant la nuit au moment où les gens dorment. Et les sapeurs-pompiers ont été soutenus par les jeunes du quartier…»

Mariam Keita, la soixantaine, a sa maison contiguë à l’usine. Elle a subi énormément de dégâts. Le désordre total. Une partie des tôles se sont envolées, le plafond troué, les meubles et matelas, tous trempés par la pression d’eau des sapeurs-pompiers. Parmi ceux qui lui sont venus au secours, des voleurs, malheureusement. Ils ont emporté des téléphones portables, de l’argent, des habits, un poste téléviseur. Sous le choc, larmes aux yeux, elle raconte son calvaire : « J’étais en train de prier, quand j’ai senti la fumée. Je suis sortie voir, j’ai trouvé que l’usine a pris feu. J’ai crié au secours, les voisins sont sortis nous aider à évacuer nos meubles. Pendant ce moment de panique, des malintentionnés ont profité du désordre pour nous dépouiller. » Elle se réjouit du fait qu’il n’y ait eu aucune perte en vie humaine dans le sinistre, mais lance un appel aux personnes de bonne volonté.

Également impactée par l’incendie, M’Mah Sylla est très en colère, elle demande aux autorités de « dégager l’usine » de son quartier. Selon elle, une usine de fabrication de matelas qui utilise des produits inflammables n’a pas sa place au cœur de la ville. Reste à savoir si son appel va tomber dans de bonnes oreilles.

Abdoulaye Pellel Bah