Le 13 mars, le procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et financières, CRIEF, s’est expliqué sur les présumés détournements de fonds au mystère de nos grises mines et la Société nationale des pétroles. Aly Touré dément toute inertie de son parquet dans ces deux affaires.

Alors que le CRND (Comité national du rassemblement pour le développement) fait de la justice la boussole de la Transition, du moins officiellement, des scandales de détournement de deniers publics à n’en pas finir éclaboussent bien des cadres (en bois) de l’administration publique. Le cas le plus illustratif se déroule au ministère de nos grises Mines et de la Géologie où le chef du département, Moussant Magassouba et son conseillé juridique, Yacouba Courroux-mât ont exigé d’une entreprise évoluant en Guinée le versement de pas moins de 2 millions de dollars ricains, pour la laisser exploiter un gisement de granite. L’affaire éclate, les autorités de la transition ne lèvent pas le petit doigt, la justice ne se bouge. Il y a aussi le cas de l’Amadoué Doumbouya, tout puissant dirlo de la SONAP, soupçonné d’avoir utilisé l’argent public pour s’acheter une villa luxueuse à plus d’un million de dollars au Texas, aux Etats-Inouïs d’Amérique.

Un activiste, Alsény Farinta Camara, membre du Front national pour la défense de la Constitution, FNDC, a cru bon de dénoncer ces cadres au niveau de la CRIEF, pour qu’ils s’expliquent. Depuis, de l’eau a coulé sous le pont. Ceux qui sont indexés gardent leurs postes  et arpentent tranquillement les rues de Cona-cris, sans être inquiétés. Cela a provoqué l’ire du dénonciateur. Il accuse le parquet spécial de la CRIEF de ne rien faire, pour élucider cette affaire. Face au tollé, Aly Touré est sorti de ses gonds. Il révèle que des poursuites sont déjà engagées contre les cadres  du ministère des Mines, soupçonnés d’être impliqués : « Je peux vous confirmer que l’Agence nationale de lutte contre la corruption m’a déjà transmis le résultat de ses investigations dans le dossier concernant les cadres du Ministère des Mines. Après avoir analysé le rapport, j’ai trouvé qu’il y avait matière à poursuivre. J’ai donc saisi immédiatement la Chambre de l’instruction suivant réquisitoire introductif du 27 février 2024. Actuellement, le dossier est en cours d’instruction devant la Chambre de l’instruction de la CRIEF. » Amen !

S’agissant du dirlo de la SONAP, le pro-crieur spécial dit attendre les résultats de l’enquête pour décider de poursuivre ou non l’Amadoué Doumbouya : « J’avais déjà fait un rapport préalable à l’intention du Garde des Sceaux. A l’heure où je vous parle, l’Agence nationale de la lutte contre la corruption est en train de finaliser son enquête. Elle va m’envoyer des résultats à l’issue desquels je vais engager des poursuites. Ces procédures de dénonciation n’ont nullement été classées sans suite. Quand un procureur classe une dénonciation sans suite, il a l’obligation procédurale d’en informer celui qui a déposé la dénonciation. Mais nous, on est en train de poursuivre, nous attendons la fin des investigations pour engager des poursuites ».

Yacine Diallo