Le 13 mars au siège de la Cellule de communication du Gouvernement à Kaloum, le Premier ministre, Amadou Oury Bah alias Bah Oury, a animé un point de presse pour parler de la problématique de la desserte en électricité, véritable point noir de la gouvernance actuelle. Des délestages conduisent à des échauffourées partout en Guinée. Le dernier cas est la manifestation à Kindia du 12 mars qui a coûté la vie à deux adolescents et plusieurs blessés.    

Bah Oury regrette les évènements de Kindia. « Nous nous inclinons devant la mémoire des deux adolescents qui sont tombés. Nous prions pour le repos de leurs âmes ». Avant d’indiquer aux Forces de défense et de sécurité que le maintien d’ordre est régi par des règles bien précises où on ne peut pas utiliser des armes à feu. Le PM demande au procureur de Kindia de mener des enquêtes « diligentes » pour que les autorités à tous les niveaux puissent savoir comment cela s’est passé. « Nous ne manquerons pas de demander aux autorités administratives de la région et de la ville de Kindia de nous fournir eux aussi d’amples explications sur la situation. A ce sujet, nous regrettons de n’avoir pas été informés à l’avance des risques potentiels des soubresauts liés à la desserte d’électricité à Kindia. Si on était informés, alertés des dispositions idoines auraient pu être prises pour éviter une journée qui a été relativement violente. Ceci, dit-il, il faut que nos compatriotes comprennent dans quelle situation sommes-nous. Est-ce que nous avons une volonté d’empêcher nos citoyens de bénéficier de la desserte en électricité ? C’est non. Pourquoi ? » Amadou Oury Bah a indiqué que le manque d’électricité est dû en partie à l’insuffisance d’eau dans les retenues des barrages de Souapiti et de  Kaléta.  « Continuer à utiliser cette eau, c’est prendre le risque de rendre ces barrages inutilisables. Ce sera une grande perte pour la communauté nationale et pour le patrimoine en termes d’infrastructures de notre pays. Donc, de ce point de vue, le niveau d’eau a atteint une côte d’alerte qui oblige à agir avec parcimonie jusqu’à ce que la situation puisse s’améliorer ».

Autre facteur, selon Bah Oury, les conséquences de l’explosion du dépôt de carburant, qui impacte d’une manière ou d’une autre l’approvisionnement en carburant de l’ensemble des installations avec, que cela soit le mazout, que ce soit le gasoil. « Donc, nous sommes tous impactés indépendamment (…) Nos finances publiques subissent des pressions extrêmement importantes pour la satisfaction des besoins essentiels de la population. A titre d’exemple, l’Etat guinéen engrange des recettes de 3 000 milliards de francs guinéens. Tout ce montant est englouti dans l’électricité. Ce qui fait que nous sommes dans une situation financière particulièrement tendue. Comme vous pouvez le constater, cela ne peut pas continuer ainsi ».

Le Premier ministre appelle à une réflexion approfondie pour trouver des solutions et savoir pourquoi la Guinée n’est pas parvenue à assurer sa souveraineté énergétique, malgré tout ce qu’elle possède comme potentialité hydroélectrique. « Aujourd’hui, nous sommes en train de chercher des solutions palliatives pour nous permettre d’approvisionner ou d’améliorer ou de stabiliser le peu qui existe, pour que la situation ne se retrouve pas dégradée au-delà de ce qui n’est pas acceptable. Nous sommes en train d’étudier cette question, des alternatives réalistes sont en train d’être prises en compte. Nous allons vous le dire, lorsque tout sera ficelé de manière à prendre en compte les contraintes techniques, financières et les contraintes de délai, pour que nous puissions donner une information crédible et vraie à l’ensemble de la population guinéenne, les populations de Conakry en particulier. »

Des médias

Bah Oury a entamé son laïus par rassurer les médias qu’il sera régulièrement devant les journalistes. « Je considère qu’il faut que la presse joue pleinement son rôle. Maintenant, nous sommes des millions et des millions à vivre à l’intérieur du pays et il y a des millions d’autres Guinéens qui vivent à l’étranger. La gouvernance d’aujourd’hui est une gouvernance qui va de pair avec la communication. Si on ne communique pas, il va de soi qu’avec d’autres types de médias, ils vont se charger de communiquer à notre place. Donc, il vaut mieux communiquer pour soi et par soi, pour être audible et qu’il n’y ait pas d’interprétation ».

Par rapport aux médias brouillés, le PM rappelle qu’il a rencontré les responsables des médias la semaine dernière, la restitution est en train d’être préparée pour le Président de la transition, en vue d’en discuter.

Mamadou Adama Diallo