Le vendredi 1er mars, le procès d’un groupe de présumés terroristes s’est ouvert au tribunal de première instance de Kaloum. Sept personnes, de nationalités guinéenne et malienne comparaissent pour « acte de terrorisme et faux et usage de faux ». Elles plaident non coupables.

Les faits remontent à 2021 et à 2022. Les autorités guinéennes, pour traquer « les cellules dormantes » du terrorisme en Haute-Guinée, la justice met le grappin sur Alhassane Diakité, Moussa Sangaré, Boukary Diakité, Issa Sangaré, Hamidou Sidibé, Alpha Diakité et Noumkè Camara. Des Maliens et Guinéens, établis à Mandiana, accusés de se cacher derrière des campagnes de sensibilisation sur l’islam pour implanter des réseaux terroristes en Haute-Guinée, avec l’aide de puissants groupes terroristes maliens. A la barre, tous nient les faits, affirment être des simples éleveurs dans différentes localités de Mandiana, Siguiri ou Kankan.

Pourtant, des relevés téléphoniques ont prouvé, selon le ministère public, que ces accusés ont été en contact étroit avec des responsables du mouvement la Katiba Macina d’Amadou Kouffa et du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, GSIM. Jusqu’en septembre 2022, Alhassane Diakité conversait longuement au téléphone avec un certain Abdoul Djabarou, et un autre, Abou Naïm. Ce dernier aurait séjourné en Haute-Guinée dans le cadre de l’implantation de ses réseaux : « Je ne lui ai apporté aucune aide. Je le connais, c’est mon cousin, mais je ne le connais pas en tant que terroriste », déclare Alhassane Diakité. Lui et les autres seraient membres de la cellule terroriste Boura de la Katiba Macina et du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Le procureur, Mamoudou Magassouba, affirme que les accusés étaient commandés par un certain Abou Issa. Lui aussi aurait effectué un séjour en Guinée. Faux, rétorque Me Mory Doumbouya, avocat de la défense : « S’il était vraiment venu en Guinée pour implanter le terrorisme, pourquoi le parquet n’a pas mis main sur lui ? » Il accuse des cadres en bois tapis dans l’administration guinée-haine de vouloir semer la terreur : « Le terrorisme n’existe pas en Guinée, ce sont des cadres véreux qui veulent faire croire que cela existe ici. Ça ne marchera pas ».

Hamidou Sidibé lui aussi rejette tout en bloc. Il dit vivre à Mandiana depuis 2010 : « Je m’interroge sur mon arrestation. Je n’ai jamais fait de campagne de sensibilisation, à plus forte raison encourager le terrorisme. C’est à la gendarmerie que j’ai appris cette affaire de terrorisme. Je ne peux pas porter un tel fardeau. »

Les six autres accusés ont également nié les accusations articulées contre eux. Pourtant, ils confirment tous avoir été en contact téléphonique avec les nommés Abdoul Djabarou et Abou Naïm, « très influents au nord du Mali », mais refusent de croire que ces derniers sont des terroristes. Concernant Noumkè Camara, un numéro de téléphone acheté en Guinée avec sa carte d’identité nationale, a été saisi au Nord du Burkina Faso par les services de l’armée française lors d’une opération antiterroriste. Ce que le concerné refuse de reconnaître. L’affaire est renvoyée au 8 mars, pour plaidoiries et réquisitions.

Yacine Diallo