Après 14 mois de détention, les 5 Maliens et les 2 Guinéens accusés par la Guinée de terrorisme recouvrent leur liberté. Le tribunal de première instance de Kaloum les relaxe, purement et simplement.

C’est l’épilogue d’un dossier qui aura tenu le populo en haleine pendant plus d’une année. Des ressortissants maliens, établis en Guinée depuis près d’une quinzaine d’années, et des Guinéens qui croupissaient à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie sont enfin fixés sur leur sort. Jugés au TPI de Kaloum pour « acte de terrorisme et faux et usage de faux», Alhassane Diakité, Moussa Sangaré, Boukary Diakité, Issa Sangaré, Hamidou Sidibé, Alpha Diakité et Noumkè Camara sont renvoyés des fins de la poursuite pour « crime non constitué » à leur égard.

Le mystère public qui les poursuivait, dit qu’il ne dispose aucun élément prouvant leur culpabilité : « Les faits ne tiennent pas la route. Les accusés ont été arrêtés à titre préventif, il n’y a eu aucune menace de nature à troubler l’ordre public. A aucun moment, ils n’ont posé d’actes de nature à perturber le fonctionnement normal de l’Etat. Nous n’avons pu établir leur culpabilité ni à l’enquête préliminaire ni à l’instruction, ni à la barre. » Le mystère public admet également qu’il ne tient aucune preuve démontrant un lien financier entre les accusés et les cellules terroristes : « Nous n’avons pas de preuves à leur opposer. »

Il demande cependant au tribunal de condamner Noumkè Camara à 6 mois d’emprisonnement pour « faux et usage de faux » qui a utilisé la carte d’identité de son père pour s’offrir une carte SIM.  Cela provoque l’ire de la défense : « Est-ce le fait d’utiliser la pièce d’identité de son père qui constitue une infraction ou c’est la pièce elle-même qui est fausse ? Notre client n’est coupable de rien du tout », déclare maitre Mohamed Abou Cas-marrant. Pour le reste, les autres avocats de la défense s’alignent derrière les réquisitions du mystère public.

Le juge, Aboubacar Tiro Camara, prononce finalement leur acquittement pur et simple. A la grande satisfaction de leur avocat, Me Lancinè Diabaté : « Il n’y a pas eu de preuves tangibles, même pas d’indices contre nos clients, nous rentrons avec eux à la maison. On a fait du mal à des pères de familles. » Vont-ils intenter une action contre l’Etat guinéen pour abus d’autorité ? Pas si sûr, estime l’avocat : « Cela est de droit, nos clients doivent être dédommagés…Je leur conseillerai de rentrer en famille et d’en profiter d’abord. »

Le parquet contraint de requérir

A l’ouverture de l’audience, l’on constate l’absence de celui qui suivait le dossier. Il a des soucis de santé, selon son remplaçant. Il demande un renvoi, le temps pour son collègue de se rétablir : « Il s’agit d’une affaire d’une importance capitale, les faits poursuivis sont graves. » Cette demande ulcère la défense qui y voit une manœuvre pour maintenir ses clients en détention : « Le ministère public avait demandé de lui donner du temps pour se préparer. La réalité, c’est que le parquet n’est pas prêt. Si le renvoi est concédé, nous sollicitons la libération de nos clients, en attendant la prochaine audience. » Il rappelle que le parquetier présent connaît très bien le dossier pour l’avoir suivi pendant l’instruction et une partie du procès. Ce dernier demande finalement une suspension, pour une vingtaine de minutes, le temps pour lui de se préparer. Il requiert finalement l’acquittement et on connaît la suite.

Yacine Diallo