Du 15 au 20 avril, à Washington, le Groupe de la Banque Mondiale a tenu ses Assemblées
Annuelles et le Fonds Monétaire International sa réunion du Printemps. En cette circonstance,
Ajay Banga et Akinwuni Adesina respectivement Président de la Banque Mondiale et
Président de la Banque Africaine de Développement, ont apporté un éclairage sur la
thématique centrale de la rencontre, à savoir l’accès à l’énergie d’une masse critique
d’Africains.

Constat alarmant : 600 millions d’Africains n’ont pas accès, en 2024, à l’électricité. Ce chiffre
représente 83% de ceux qui sont dans cette posture défavorable dans le monde. Il est établi
que sans électricité, le développement reste une vue de l’esprit, un vain rêve. Les patrons des
deux prestigieuses institutions de financement de développement ont soutenu l’idée qu’il n’y
a pas de développement dans la pénombre, moins encore dans le noir, l’obscurité. Ils ont donc
affirmé engager leurs institutions, d’ici 2030, dans des politiques hardies d’électrification des
Etats subsahariens.

Concrètement, la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement se proposent de
réduire significativement la population n’ayant pas accès à l’électricité de 600 millions à 300
millions. Dans cette perspective, la BM s’engage à promouvoir l’accès à 250 millions
d’individus à l’électricité. La BAD en fera autant pour 50 millions d’individus. Pour atteindre
cet objectif, Ajay Banga annonce une participation de son organisation à hauteur de 5
milliards de dollars.

L’ampleur de la tâche requiert son élargissement à d’autres partenaires dont, en premier bien
des Etats et ensuite le secteur privé. Il faut prendre le problème à bras-le-corps pour le
résoudre avec l’efficacité requise. Dans la plupart des Etats où vivent ceux qui n’ont pas accès
à l’électricité ou n’y ont que faiblement accès, le taux de pauvreté atteint souvent plus de 50%
de la population globale et les stratégies de réduction de la pauvreté se heurtent à de fortes
contraintes. La productivité des principaux secteurs de croissance reste faible et incapable de
dégager des marges de rentabilité suffisantes pour impulser et soutenir une croissance
économique robuste et durable.

L’économie guinéenne est typique de ce type d’économie. L’évolution de son taux de
croissance dépend fortement de l’intensité des activités minières, en particulier bauxitiques.
Les autorités guinéennes doivent saluer les initiatives de la Banque Mondiale et de la Banque
Africaine de Développement, car la Guinée, nul ne l’ignore, fait partie des pays où le déficit
énergétique est récurrent, handicapant aux niveaux de l’industrialisation et des services
(tourisme, hôtellerie, informatique, etc.) et des ménages (éclairage, utilisations diverses). A

n’en pas douter, elles ont été particulièrement alternatives aux débats à Washington où
plusieurs panels ont été organisés autour des thématiques qui sont d’actualité et qui peuvent
leur permettre d’esquisser des stratégies de raccordement d’une masse de femmes et
d’hommes aux réseaux électriques alimentés à partir de plusieurs sources : hydro-énergie,
éoliennes, solaire, etc. Les délestages récurrents dont souffre le Grand-Conakry interpellent le
gouvernement.

Abraham Kayoko Doré