Thierno Mamadou a comparu serein devant le juge Thierno Souleymane Barry, prési d’audience dans une salle archicomble avec des coupures intempestives de courant. KPC a brillé par son absence. Il s’est fait représenter par son avocat sans vinaigrette. Thierno Mamadou a nié en bloc les faits de diffamation et de chantage qui lui sont reprochés dans une affaire de sextape. Il a expliqué que l’affaire concerne plutôt les Bâtiments et Travaux publics notamment le recyclage de marchés publics dont KPC serait impliqué et non d’une histoire de fesses.

C’est un journaleux dont il préfère taire le nom et qui aime fouiner dans toutes les affaires qui s’est rendu chez lui avec des documents compromettant KPC qu’il veut balancer dans les medias. Thierno Mamadou qui dit avoir entretenu de bonnes relations d’amitié et de confiance avec KPC a proposé de faire des concessions pour empêcher toute publication qui provoquerait des dégâts collatéraux. « Je tiens beaucoup à l’amitié. Je protège KPC par amitié et par reconnaissance pour m’avoir rendu service. Il avait subventionné mon Journal (le Défi) à hauteur de 50 millions à un moment donné. J’ai demandé au journaliste de ne pas publier ça pourrait avoir des conséquences ». Pour cela, il dit avoir eu des contacts avec KPC par e-mail à plusieurs reprises pour attirer son attention sur cette affaire qui n’honore pas l’homme d’affaire. Selon ses explications, KPC ne voulait rien entendre et a même demandé au journaliste de les balancer s’il le souhaitait. Il s’est plutôt retourné contre le prési de NGC pour diffamation chantage et escroquerie. Qu’il lui a réclamé la misère de 500 millions de nos francs glissants pour étouffer l’affaire. Ce qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux. Dans un mail en date du 7 mars que Thierno Mamadou a adressé à KPC on peut lire : « Bonjour, KPC, j’ai été très étonné d’apprendre que vous m’accusez de vous avoir demandé de l’argent. Je n’en ai jamais demandé ni à vous ni à un autre. Je vous exigerai dans ce cas de me fournir des preuves de votre accusation sinon je serai dans l’obligation de porter plainte contre vous pour diffamation. »

L’avocat de KPC ne comprend pas pourquoi les journalistes lui rendent visite au point de lui confier de tels documents ? « On est journaliste d’un jour et pour toujours. Le journalisme c’est mon monde je l’ai pratiqué pendant 17 ans. J’ai gravi tous les échelons », lui a répondu Thierno Mamadou.

Quel est ce journaliste, donnez-moi son nom, insiste-il ?« Je suis désolé, pour des mesures de sécurité, je ne peux pas vous donner son nom ici à la barre. Je peux bien le donner à monsieur le juge, mais pas à vous », a répondu Thierno Mamadou dans un ton ferme.

En plein débats, le juge a été obligé de suspendre l’audience. « Nous avons des détenus dans la salle. A cette allure, nous risquons de finir tard. Car il y a beaucoup de chose à dire. Je préfère qu’on suspende et qu’on renvoie ». Après l’avis des avocats des deux parties et de celui du ministère public Mohamed Lamine Diawara, le juge a décidé le renvoi du procès au lundi 10 avril. Brouhaha !

L’avocat de Thierno Mamadou, Me Salifou Béavogui est convaincu que le dossier est vide et parle plutôt d’un procès politique : « Je suis révolté et très allergique à l’injustice. Mon client a été un journaliste professionnel. Aujourd’hui, il est devenu un homme politique respecté et responsable. Il est traîné dans la boue, sa dignité et son honneur souillés pour des raisons inavouées. Il est victime de sa bonne foi. »

Les militants de NGC ont exprimé leur joie en criant victoire. Dans le calme et la discipline, ils ont escorté leur leader jusqu’à son teuf-teuf de commandement. Sur leurs pancartes, on pouvait lire : « Vive la NGC, Thierno Mamadou Bah 2020. Nous t’aimons et te soutenons ».

Rappelons que le 20 mars, le prési de NGC avait été auditionné pendant 6h par la Direction centrale de la police judiciaire sur cette affaire. Pour beaucoup, les ennuis judiciaires de Thierno Mamadou s’expliquent par ses prises de position politique. L’homme était bien connu pour ses critiques acerbes contre la gouvernance du prési Alpha Grimpeur dans son hebdomadaire le Défi.

Bah Mamadou