« Nous sommes victimes d’ingérence, nous ne sommes pas maîtres de notre destin. Quand j’ai dit que l’Afrique doit couper le cordon ombilical avec la France, je veux dire que l’Afrique doit cesser d’être comme un bébé. Quand on a son cordon ombilical, on est un bébé. Alors que l’Afrique et les Africains doivent agir de façon responsable. Comment l’Union africaine par exemple peut-elle se faire respecter lorsque c’est l’Union européenne qui finance son fonctionnement ? Ce n’est pas possible ! ». Ces propos justificatifs viennent tout droit du Prési Alpha Grimpeur. Il les a tenus le 8 avril à la Bluezone de Kaloum, où il était allé lancer la feuille de route de l’Union africaine sur le thème « Tirer pleinement profit du dividende démographique en investissant dans la jeunesse ».

Il est clair que le locataire de Sékhoutouréya est toujours hanté par ses propos qu’il a tenus en Côte d’Ivoire, dans lesquels il a appelé les pays africains à « couper le cordon ombilical avec la France ». Avant d’être reçu à l’Elysée le 10 avril prochain, Alpha Grimpeur a tenu à justifier ses propos à l’occasion du lancement de la feuille de route de l’Union africaine. Le prési en exercice de l’UA qu’il est a-t-il besoin de se justifier autant parce « qu’il assume » ? Apparemment, l’occasion était bonne. Devant de nombreux diplomates, Alpha Condé a précisé « sa pensée » pour permettre une compréhension diplomagique.

Chômage, immigration clandestine, manque de ressources humaines qualifiées, retard de l’Afrique dans les nouvelles technologies, ce sont les maux égrenés par Alpha Grimpeur devant plusieurs centaines de jeunes Guinéens et des pays de la sous-région présents à Cona-cris pour les activités de la Jeune chambre internationale. Le Président guinéen a rappelé « qu’il y a trois ans j’avais dit à mes pairs que la jeunesse africaine est une chance pour l’Afrique, mais aussi une bombe. A nous de choisir. Actuellement les dirigeants africains sont interpellés : les jeunes meurent dans le désert et dans la mer pour se rendre en Europe. Est-ce que cela ne nous fait pas honte ? », s’est-il interrogé. Et d’enchainer sur les priorités de l’UA dans le cadre non seulement de l’atteinte des ODD2030 (Objectifs du développement durables) mais aussi l’exécution de l’Agenda2063 de l’UA. Pour lui, l’Afrique a tous les atouts pour être l’avenir du monde. Il suffit d’investir dans la jeunesse, pour « faire la capture du dividende démographique. Ce qui signifie investir dans la santé, l’éducation, l’énergie, l’agriculture. » Il estime aussi que les jeunes doivent répondre à certains critères, dont celui la responsabilité. « Investir dans la jeunesse implique que cette jeunesse est responsable. Elle sait ce qu’elle veut, elle ne se laisse pas manipuler par la religion ou la politique », a déclaré Alpha Condé.

Avant Alpha Grimpeur, Mohamed Lamine Traoré, porte-parole de la jeunesse, avait annoncé que 77 % des jeunes Guinéens ont moins de 35 ans. Il est conscient du défi et promet que « La mise en place de la feuille de route de l’UA interpelle les jeunes, pas en tant que bénéficiaires, mais en tant qu’acteurs incontournables pour l’atteinte des résultats attendus ».

La rencontre a été mise à profit par l’UNFPA pour remettre au Gouvernement le rapport profil pays du dividende démographique. Cheick Fall, représentant de l’UNFPA en Guinée, a annoncé que les jeunes Guinéens dépendent majoritairement de leurs familles.

Voilà ce qui est dit. Le Prési Grimpeur peut comprendre qu’il lui sera difficile de couper le cordon ombilical qui lie la Guinée à la France. Parce que même en Guinée, les jeunes continuent à dépendre de leurs parents. Ils n’ont jusqu’à présent pas pu couper le cordon avec eux. L’on murmure déjà que le locataire de Sékhoutouréya s’est rebiffé pour ne pas subir le courroux de la France qui n’a pas ménagé ses efforts pour qu’il soit le vainqueur de la présidentielle 2010, après avoir recolté 18% au premier tour. « 76,7 % des jeunes Guinéens vivent sous la dépendance de leur famille. Ce qui montre l’étendue du fossé entre les jeunes en activité et ceux au chômage », a indiqué Cheick Fall. Avant d’ajouter que l’Afrique compte environ 200 millions de jeunes. Une bonne pépinière qui demande et exige que les Etats fassent un effort en termes de santé et d’emploi, faciliter l’accès aux vaccins, aux ressources et favoriser l’accroissement des PME.

Alpha s’apitoie

Et de lancer un appel aux jeunes Maliens, Nigériens et Burkinabès, pour qu’ils soient plus compréhensifs à l’endroit de leurs gouvernements respectifs. « Le terrorisme ne favorise pas le développement dans ces pays parce qu’ils sont obligés de consacrer une grande partie de leur budget à l’achat d’armes. Vous devez le comprendre. Nous sommes obligés d’être solidaires de nos amis dont les pays ont des problèmes du terrorisme. Mais, moi, j’ai toujours dit que qu’on ne vaincra pas le terrorisme par les armes. Il faut plus de développement, de justice sociale entre les populations. La plupart des mouvements terroristes sont issus de la frustration », a conclu le Prési Alpha Grimpeur.

Th Hassane Diallo