Sur les 11 points de revendication, aucun n’a été encore satisfait, a annoncé M. Sow devant l’assistance. Laquelle a appelé à l’entrée en vigueur de la grève, dont le préavis venait d’expirer. Mais, Abdoulaye Sow a expliqué que la négociation entre les deux parties devrait se poursuivre le même 23 mai, à 12h. « Les travailleurs veulent coûte que coûte, et naturellement comme le veut la loi, qu’on aille en grève, parce que les patrons des banques n’ont aucune considération pour nous. Les patrons disent qu’actuellement, ça ne va pas. Or, ils ont des dizaines d’expatriés pendant que nos banques sont majoritaires, ces expatriés mènent une vie ostentatoire, inacceptable. Il y a des patrons qui achètent des véhicules à 1 milliard de francs guinéens, c’est inacceptable. Aujourd’hui, nous leur avons demandé d’aller à la vérité des chiffres, parce qu’à la Banque, ce sont les chiffres. Ils refusent d’aller à la vérité des chiffres, parce que nous voulons voir les richesses que nous créons et les charges qui s’y rattachent, pour savoir si on peut grignoter ou pas. Si on trouve que les chiffres ne permettent pas de satisfaire à notre demande, on baissera les armes, mais aujourd’hui nous sommes convaincus que les chiffres des comptes d’exploitation de nos banques permettent de nous payer 50%. Or nous, on a été responsables, on a demandé que 30%. »
Dans un ton menaçant, il a expliqué : « Il faudrait que les Guinéens sachent qu’on ne peut pas continuer à nous narguer, parce que le Guinéen ne vit pas sur une autre planète. Comment pouvez-vous comprendre que le Sénégalais, l’Ivoirien, le Malien avec qui nous travaillons dans les mêmes multinationales, dans les mêmes conditions aient un salaire supérieur au nôtre de 50% ? Même si les contextes économiques ne sont pas les mêmes, les patrons doivent comprendre qu’on doit avoir au moins 70% des salaires de ces Sénégalais, Ivoiriens ou Maliens qui travaillent avec nous, parce que nous le méritons, nous avons gravi tous les échelons pour arriver là où nous sommes, il n’y a pas de raison qu’ils soient mieux traités que nous. Nous avons besoin nous aussi d’une vie décente. Le paradoxe guinéen qui existe en Guinée est aussi dans les banques. Les banques sont riches, les travailleurs sont pauvres, la Guinée est un pays immensément riche mais la paupérisation a fini de gangrener tout le monde, nous devons changer cette donne (…) Nous, nous ne sommes plus prêts à accepter cela. » Les travailleurs n’étaient même pas prêts à reprendre le travail, mais ils ont été convaincus par le Secrétaire général de la FESABAG qui a indiqué : « Nous allons négocier aujourd’hui (23 mai Ndlr) avec les patrons, à partir de midi. Si jusqu’à 18h 00, nous ne trouvons rien, demain (24 mai Ndlr), nous allons déclencher la grève sur toute l’étendue du territoire national, et sans gêne. » Et de dire : « Pour le moment, les patrons ont fait des propositions médiocres, inacceptables et inconcevables. » Sur les 11 points de revendication, quels sont ceux qui ont connu un début de satisfaction ? « Il n’y a aucun point qui soit satisfait, nous sommes toujours au premier point. Cela explique combien de fois, ils ont du mépris pour nous », conclut Abdoulaye Sow, visiblement très en colère.
Rappelons que c’est dans une déclaration publiée le 9 mai, que le bureau exécutif national de la FESABAG a lancé un préavis de grève générale illimitée dans toutes les banques et sur toute l’étendue du territoire national, à compter du 24 mai. La plateforme revendicative des travailleurs du secteur bancaire est signée de son Secrétaire général, Abdoulaye Sow. Ceux-ci réclament, entre autres, une augmentation de salaire de 15%, une multiplication par quatre des primes, indemnités et allocations, l’instauration d’un 14è mois de salaire, un mois de salaire pour l’anniversaire de la création de la monnaie guinéenne ; un mois de salaire supplémentaire pour les congés ; un mois de salaire pour la fête du travail du 1er Mai. S’y ajoutent également plusieurs avantages dont le règlement de 40 mois de salaire au moment du départ à la retraite contre 28 mois actuellement, la prise en charge des frais d’évacuation sanitaire des employés, de leurs enfants et conjointes.