Rien, mais alors absolument rien ne justifie l’arrestation de notre reggaeman national. Elie Kamano n’a rien fait de mal. Elie Kamano est innocent. Elie Kamano a le droit d’occuper les rues de son pays pour fustiger les inépuisables sottises de l’Etat cruel et mesquin qui nous gâche la vie depuis 1958 et dont Alpha Condé, tel Jason devant le trône d’Iolcos, se veut l’héritier exclusif et perpétuel. C’est son devoir de faire entendre sa géniale musique pour nous réveiller, nous faire prendre conscience de nos droits, nous qui sommes devenus un peuple de zombies, à force de bassesses et de renoncements. C’est son honneur que d’élever la voix pour briser notre silence coupable et assourdissant. C’est exemplaire de sa part de brandir le poing devant l’infamie et de nous rappeler à tous que personne n’a le droit de baisser les armes quand il s’agit de liberté et de dignité.
Alpha condé n’a pas encore sollicité un troisième mandat mais tout indique qu’il ne tardera pas à le faire. Le chef n’a pas encore rugi mais ses petits chats commencent à miauler, c’est dire !
Déjà, un signe qui ne trompe personne : un obscur commissaire de police a été bombardé à la présidence pour avoir le premier livré le secret de Polichinelle.
A qui, le tour ?
Après Compaoré, Alpha Condé ? Nos dirigeants sont décidément incurables ! Aucun évènement ne les éclaire. Mais comment tirer une leçon de l’Histoire quand justement, on n’a aucun sens de l’Histoire.
Mais bon, laissons ces étranges messieurs à leur égarement. Après tout, ce n’est pas leur sort qui nous intéresse mais bien celui de l’Afrique, chaque jour plus triste, chaque jour plus ridicule par la faute de ces gens-là. Décidément, des gens archaÏques! Des gens aux lubies d’un autre âge !
Tierno Monénembo
P.S. : Tiens bon, mon petit frère, Elie ! Tu n’es pas seul, tout le peuple est derrière toi.
En attendant, voici de la lecture :
Article 35 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs » (Article 35 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen, et préambule de la Constitution du 24 juin 1793).