A présent, il ne s’avoue pas vaincu. Il n’a jamais reconnu cette éviction des commissaires frondeurs. Son seul soutien affiché et connu reste son homo. L’autre Bakary. Celui-ci ne s’était pas gêné de se fendre un communiqué pour proclamer « nulle et de nul effet » l’élection de Saliflouflou Kébé. Au nom du bureau exécutif de la CENI, composé de son mentor Bakary le Faux-Fana et de lui-même. Un bureau un peu bancal, totalement « Bakarisé ». Puisque les autres membres du bureau exécutif sont parmi les frondeurs à l’exception du rapporteur, en voyage. Mais à l’allure où vont les choses, les deux Bakary semblent prendre le dessus sur les 19 commissaires frondeurs qui peinent à installer leur président-chéri dans ses nouvelles fonctions. Vous avez dit blocage ? Quelle institution, quel ministère sont-ils censés présider une éventuelle cassation de service ? La question est sur toutes les lèvres. Les frondeurs comptent sur le ministère de l’Administration du Trottoir pour régler le problème. Sauf que le Général Bouréma Condé traine le pas. Apparemment, il balance entre l’appel du déboire et les éventuelles critiques de l’opposition. Des aigris jurent, la main sur le palpitant, qu’il prend ses instructions à Sékhoutouréya. Le Prési Alpha Grimpeur serait très dubitatif. Une chose est d’avoir eu à la fois un vrai soutien et un protégé sûr à la CENI. Une autre chose est de lâcher un vrai faux-fana « bakarisé » dont la destitution ne souffre d’aucune violation de quelque loi de la république. C’est une tautologie d’affirmer que le locataire de Sékhoutouréya avait imposé Bakary Faux-Fana à la tête de la CENI. Dans l’espoir, dit-on, que ce dernier lui donne une majorité confortable à l’Assemblée nationale. Un souhait que le prési évincé n’a pu honorer. Une déception qui n’ose même pas dire son nom. Toutes les mauvaises langues du pays voient le Chef de l’Etat derrière la fronde qui a évincé Bakary Faux-Fana. Arguant qu’il veut avoir quelqu’un de confiance à la tête de la CENI au cas où les Guinéens s’accommoderaient d’un troisième mandat …sonnant et trébuchant.
La nouvelle tombe maintenant dans les couloirs de la CENI, selon laquelle le PNUD organise une grande réunion des CENI d’Afrique à Cona-cris à partir du mardi 25 juillet. Tout le problème est de savoir souhaiter la bienvenue aux consoeurs du continent dans un bicéphalisme total. Le Prési Alpha Grimpeur aurait demandé à son ministre de l’Administration du trottoir de normaliser la situation à la CENI avant la venue des autres CENI en Guinée. On appelle cela un casse-tête politico-administratif.
Le 21 juillet, les frondeurs ont informé les médias qu’ils allaient installer le nouveau président. Même que le ministère de l’Administration du Trottoir va présider la cérémonie. Les journaleux ont poireauté tout l’après-midi du vendredi au siège de l’institution. Ils n’ont rien vu aucune cérémonie de passation de service. Un sévice. Pire, ils ont quitté sans connaître les raisons de ce faux bond du Général Bouréma Condé. Pourtant, le prési déchu, Bakary Faux-Fana, était au bureau tout comme les commissaires frondeurs. « Nous sommes en communication avec le secrétaire général et le ministre du MATD. Le Général Bourema Condé viendra voir le président sortant et s’il y a lieu de faire la passation, il la fera aussitôt. Donc, on attend tous », a déclaré Charles André Soumah aux journaleux. Ces propos ne se sont pas révélés rassurants. Les frondeurs semblent quelque peu essoufflés et n’ont pas l’air de mesurer à sa juste valeur le soutien souhaité du gouvernement. Le geste du Général Bouréma Condé décourage déjà certains commissaires. « C’est le ministre Bouréma Condé qui a appelé Me Kébé pour lui dire qu’il viendra faire la passation aujourd’hui après la prière du vendredi. Mais depuis, on l’attend mais il n’est pas venu. On nous a dit que le ministre doit rencontrer d’abord Bakary Fofana avant qu’il ne fasse la passation. On se demande pourquoi », s’est indigné un commissaire frondeur. Qui continue d’estimer que le Général Bouréma Condé avait donné sa parole pour le samedi 22 juillet. Samedi arrive, rien. Bakary Faux-Fana ne s’est pas pointé. L’on n’a pas pu vu non plus l’ombre du ministre de l’Administration du trottoir. Seul Me Amadou Salif Kébé était au bureau. Rejoint dans l’après-midi par d’autres commissaires frondeurs. Selon une voix sure et anonyme, le Prési Grimpeur chercherait d’abord à trouver une sortie honorable pour son ancien protégé avant que ce dernier ne passe le témoin. Mais, comme on le sait, l’honneur, c’est quelque chose de compliqué. On peut le perdre sans le savoir. Comme M. Jourdain.
Abdoulaye S. Camara