“Conakry, le 2 août 2017 – Dix milliards de recettes pour 360 000 vignettes vendues avant la sécurisation de la vente des vignettes, 34 milliards recouvrés pour 124 000 vignettes vendues pour le moment, après cette réforme initiée par le Ministère du Budget (notamment grâce à la dématérialisation des paiements). A terme, le rapport devrait être de dix fois plus de recettes engrangées que par le passé. On parle d’environ 100 milliards qui pourraient être récupérés si on atteint le même nombre de vignettes vendues que les années précédentes. En résumé et pour faire simple, l’Etat guinéen perdait chaque année entre 80 et 90 milliards de recettes sur la vente des vignettes. Cette performance s’ajoute aux économies réalisées grâce à la récupération des bourses universitaires et les salaires indus versés aux étudiants et fonctionnaires fictifs. Cette prouesse s’inscrit dans un ensemble de mesures volontaristes allant du compte unique au Trésor au nouveau processus de recouvrement des droits de timbre à l’importation et qui, à des degrés divers, permettent au Gouvernement de sécuriser les recettes de l’Etat. Des mesures simples et efficaces ayant un point commun : éliminer au maximum le facteur humain dans la perception des recettes pour réduire au minimum les risques de détournements. En somme, fermer un peu plus le robinet des déperditions. ”
Cette interminable prouesse syntaxique est naturellement signée Damantag-tang, à la fois porte-parole du Goubernement et  symbole de la jeunesse au pouvoir. Comme il maîtrise la langue des autres au point de secouer avec une aisance remarquable les fondements les plus élémentaires de la justice républicaine, aucune fausse note ne  devrait lui être permise.
Albert Damantang Camara nous demande, les yeux dans les yeux, de tirer le chapeau aux nouvelles mesures de sécurisation des recettes issues de la vente des vignettes en 2017 et de tirer un trait sur les massacres, cette fois-ci financiers, que le Trésor public a subis en 2016.
M. le Ministre, peut-être avez vous péché par excès de simplification. Vous ne pouvez pas mettre le doigt sur un “ massacre financier de 80 à 90 milliards de francs glissants et laisser les voleurs aller les sécuriser en toute impunité dans les banques européennes et/ou américaines. Un journaleux du nom d’Alia Camara s’est tu pour un massacre “intellectuel” de moindre envergure. Puisque vous avez la chance-malchance de bénéficier encore de la fougue de la jeunesse, ne bombez pas le torse de si tôt ! Commencez par vous assurer qu’aucune régie financière qui échappe actuellement à l’unicité des comptes n’est dirigée par un jeune ! Si à l’issue du contrôle, vous échappez à la surprise et au découragement, dites-vous que le pays est en danger ! Et puis, comme les nouvelles mesures de vigilance ont permis d’engranger autant de milliards, rappelez au goubernement sa promesse de baisser le prix du carburant à la pompe. Il peut le faire maintenant. Enfin, vous épinglerez tous les cadres véreux qui en 2016 ont organisé le rapt des 90 milliards dont vous parlez. Ils doivent être tous là. Fidèles à leurs postes. Ils vous observent. Pour mieux vous catapulter. Un détail, cependant : si vous voulez recourir aux services de votre homologue de la Justice, Chèque Sakho, téléphonez d’abord ! Il est devenu très bizarre.

Diallo Souleymane