Pour le moment, malgré des écueils au KM36, les consignes semblent globalement respectées. Aminata Sampou, marchande à Madina, n’approuve pas l’initiative « C’est ici que je gagne le prix de scolarité de mes enfants. Je suis loin de la route principale et je paye ma table à 50.000 GNF. Ces policiers sont venus détruire nos tables et brûler d’autres. Cela ne nous aidera jamais à avancer. Chaque année, ils viennent détruire nos marchandises et dans les marchés il n’y a pas de places adéquates pour la vente » explique-t-elle.
Elle estime tout de même qu’avant de procéder à ce nettoyage des artères de la route, l’État devrait assumer ses responsabilités et construire plus de marché dans la capitale.
Si certaines personnes pensent que la décision du ministre n’est pas à leur avantage, d’autres par contre saluent cette idée. Pour N’Namary Koumbassa « Nous déguerpir est une bonne chose puisque la route est très dangereuse, c’est notre vie qui est en danger, par exemple une voiture peut déraper à tout moment et ça peut tuer. Toutefois, je demande aux forces de l’ordre de procéder doucement car ils ne contrôlent pas leur langage en communiquant avec nous et je déplore ça ».
Consciente elle-aussi du danger lié à l‘occupation anarchique de ces voiries urbaines, Mariam Béavogui précise que c’est la pauvreté qui les pousse à occuper ces lieux « Nous ne sommes que des veuves qui vivent avec leurs familles. C’est ce qui nous pousse à venir ici pour vendre. Nous partons à la commune de Matoto pour récupérer nos marchandises entre 05 heures et 06 heures avec nos torches. Nous demandons aux autorités de nous aider à avoir des places à l’intérieur des marchés ».
Les membres des syndicats de transporteurs interrogés sur place approuvent cette opération. Ils estiment que grâce à ce déguerpissement, la capitale enregistre moins d’embouteillages et d’accidents. Reste à savoir si ce visage de Conakry se maintiendra après les trois mois de ce plan d’urgence.
Déguerpissement des voiries urbaines : Avis croisés des citoyens