Dans le cadre de la campagne pour les sélections communales de 2018, Le Lynx réalise une série d’interview des candidats, axée sur leur programme. Nous vous livrons l’entretien réalisé avec Amadou Djouldé Sow, candidat indépendant pour la circonscription de Matoto.
Lelynx.net : Vous êtes dans la course des élections communales pour conquérir la mairie de Matoto, mais peu connu de vos mandants. Qui êtes-vous ? Quel est votre parcours pour prétendre diriger cette commune ?
Amadou Diouldé Sow : Ces élections communales sont d’un enjeu très capital. Elles ouvrent l’opportunité à tout citoyen qui n’est même pas connu, de se lever en disant j’en ai marre de la façon dont ce pays est géré, alors je veux changer les choses à ma manière. J’ai commencé par militer dans des partis politiques depuis 2009. On s’est battu de 2010 jusqu’à nos jours, on a fait le bilan de nos activités au sein de ses partis politiques, et on a vu que les jeunes sont lésés en quelque sorte, dans les postes de responsabilité. C’est de là qu’est venue ma détermination pour faire quelque chose pour mon pays.
Qu’est-ce qui motive votre candidature ?
Ma motivation est multiple. Pourquoi suis-je candidat indépendant ? La première motivation est que je ne suis pas d’accord avec l’accord politique du 12 octobre 2016 qui va politiser à outrance la société guinéenne. A travers cet accord, les élus locaux seront élus au prorata du résultat obtenu. Cela veut dire que tous les chefs de quartier et chefs secteurs seront désignés par un parti politique ou une liste. Je pense que cela est extrêmement mauvais. Imaginez qu’un parti X qui désigne son candidat dans un quartier et que celui-ci ne soit élu que par seulement 30 voix de cette localité, je pense que ce processus est purement politique. Le deuxième facteur, il faudrait que la jeunesse guinéenne se lève, pour dire non à la façon par laquelle les politiciens gèrent notre pays. Ils utilisent toujours la jeunesse pour satisfaire leurs besoins, toute chose que nous devons refuser. En Guinée, on a toujours voté sur deux bases : ethnique ou régionale. En plus, les politiciens n’ont besoin de nous les jeunes que lorsqu’il s’agit des combats physiques (jeter des pierres, aller se battre ou insulter les gens). Donc nous nous sommes dits cette fois-ci, même si nous jeunes nous vivons mal, mais vivons dignement dans nos familles. C’est pas leur argent de campagne qui changera notre destin, c’est plutôt leurs projets et comme ils n’en ont pas, nous allons proposer de bons projets à la population. Nous demandons donc le soutien de tous, surtout la jeunesse, pour qu’on sorte de cette colonisation, pour gérer la commune de Matoto comme une commune émergente.
Chaque commune a ses problèmes particuliers, avez-vous un inventaire. Si oui, quel est le problème le plus préoccupant selon vous ?
Tout à fait, on a l’insalubrité. Au passage, au marché de Matoto, ce sont les ordures qui te disent bonjour, surtout pendant la saison pluvieuse. Tu sens le dégoût de la capitale. S’y ajoutent le manque d’emploi et l’insécurité qui bat son plein. Elle fait partie des communes des plus sales de la capitale et notamment des plus pauvres de la Guinée. Mes priorités ne seront autres que de faire exactement ce qui nous a été confié, c’est-à-dire missions et compétences.
En matière de santé et de salubrité qu’est-ce que vous proposez aux habitants ?
Ces points figurent parmi nos priorités. Parlant de l’insalubrité, nous sommes allés voir des ambassades notamment de la Chine. Elle nous a montré toute une panoplie d’entreprises qui sont spécialisées dans la gestion de la collecte, du transport et du recyclage des ordures ménagères. Dans les 38 quartiers de Matoto, chaque quartier aura 3 tricycles à sa disposition auprès desquels chaque famille sera abonnée. Deux jeunes se chargeront de ces tricycles en ramassant quotidiennement les ordures dans chaque ménage. Ensuite, identifier les décharges de chaque secteur pour que les véhicules procèdent aux ramassages chaque jour, pour envoyer à la décharge communale qui sera identifiée par l’entreprise chinoise. A son tour, elle fera le tri. Sur la santé, dans tout Matoto, il n’y a que 7 centres de santé publics, ce qui est vraiment déplorable pour une population estimée à plus de 660 mille habitants. Certes, la construction des CHU n’est pas de la compétence des mairies, mais nous allons construire suffisamment de centres de santé primaires, pour apporter les premiers soins afin de réduire la mortalité infantile et les risques liés à la natalité concernant les femmes.
Parlant de l’éducation, quels sont les problèmes criards et comment compter-vous y remédier ?
Avec nous, l’éducation est une priorité, parce que c’est la base de tout développement. Faites un tour dans les salles de classe à Matoto. Je suis enseignant, je connais bien la situation. Dans les écoles publiques, il y a la pléthore mais aussi la qualité des enseignants laisse à désirer. Mais une fois à la tête de la marie de Matoto, nous essayerons de faire instaurer un système de qualité pour nos enfants pour qu’ils bénéficient d’une bonne formation. Ensuite, nous rencontrons aussi des enfants qui ne vont pas à l’école parce que leurs parents sont pauvres. Pour ceux-ci, nous allons construire des écoles publiques primaires où elles n’existent pas, rénover les anciennes écoles afin d’augmenter leur capacité d’accueil. Nous rendrons aussi la scolarité des enfants obligatoire dans la commune de Matoto, une fois élu à la mairie. Nous allons aussi instaurer un système de parrainage pour venir au secours des familles défavorisées, c’est-à-dire tout enfant qui a l’âge d’aller à l’école, qu’on rencontrera dans la rue avec un plateau sur la tête ou dans un garage, ses parents vont répondre.
Par rapport à l’emploi, combien y a-t-il de chômeurs, et comment comptez-vous lutter contre ce phénomène ?
Dans nos quartiers les jeunes font du thé, c’est désolant il n’y a pas d’espoir. C’est au niveau de ces élections que les jeunes fondent espoir. Pour pallier à tout cela, il faut créer des sociétés qui vont aider l’Etat à employer les jeunes qui sont les services de proximité. Avec le calcul au niveau de la gestion des ordures ménagères, on pourra créer près de 500 emplois pour les jeunes. Il y a aussi des jeunes qui ne sont pas qualifiés, des centres professionnels seront créés pour mieux qualifier ceux-ci, afin qu’ils puissent se prendre en charge, car les jeunes sont au cœur de notre combat.
L’insécurité est en nette progression dans le pays. Quelle est la situation dans votre commune et quelles sont vos solutions ?
D’abord, nous organiserons des séances de travail à travers des séminaires et colloques pour créer une relation de confiance entre habitants et autorités communales. Les chefs de quartier seront également responsabilisés et formés avec les chefs des postes de gendarmerie se trouvant dans Matoto. Au niveau de chaque quartier, le bureau du chef de quartier ne sera plus à son domicile, même s’il faut louer un local pour le quartier ça sera la permanence. Des jeunes seront employés et équipés en ordinateurs et téléphones fixes, pour que les citoyens puissent avoir le numéro du quartier directement. En cas de problème, ils appellent immédiatement le quartier. Dans ce cas, le bureau du quartier et les postes de sécurité les plus proches seront les responsables de tout ce qui arrivera aux citoyens.
En matière de promotion féminine, que comptez-vous faire ?
D’abord, dans notre liste on a une Dame, pour montrer que les femmes sont les plus nombreuses dans notre pays. Alors, on souhaite qu’elles aient une place qui leur revient. Au niveau des emplois qui vont se créer, on fera en sorte qu’il y ait plus de femmes et de filles qualifiées. Ensuite, dans la coopération féminine, nous encouragerons la coopérative des femmes tout en créant des centres d’alphabétisation pour des femmes et filles illettrées, afin d’apprendre des métiers pour se prendre en charge comme la teinture, la saponification, la couture, etc… que la commune va subventionner.
S’agissant du domaine culturel, à part les maisons des jeunes qui ont un bilan mitigé, qu’avez-vous prévu pour la commune ?
C’est une bonne question. Comme vous l’avez si bien dit, les maisons de jeunes ont vraiment un bilan mitigé. Il y a des espaces qui étaient réservées pour des maisons de jeunes qui ont été revendues, nous ferons tout pour les récupérer, même s’il faut aller en guerre avec ceux qui ont racheté les domaines. Là où elles n’existent pas, on en construit, puisqu’il y a des domaines. L’ambassade de la Chine nous a promis que si le renouveau est à la tête de la marie de Matoto, elle va nous offrir une maison des arts et de culture pour la République de Guinée. Elle organisera également chaque année, un festival des arts et des métiers à Matoto.
Notre Etat-civil a très mauvaise image. Comment comptez-vous améliorer sa gestion dans votre future commune ?
Je dirai que c’est une question un peu complexe, parce que c’est en rapport avec le ministère de l’Intérieur qui est chargé de ce domaine. Mais nous allons essayer de travailler avec eux, pour que si on donne un extrait de naissance délivré à Matoto, qu’il soit valable sur plan national mais aussi à l’international. Pourquoi je ne donne pas de propositions définitives, parce que même si on le fait, si le ministère ne nous appuie pas, rien ne marchera.
Parlant de l’urbanisation, de la gestion foncière, de l’accès aux services de base (eau, électricité, logement, espace de détentes, etc…) le transport public, les voiries urbaines et l’assainissement, qu’avez-vous prévu ?
Sur ce, d’abord il est de la compétence de la mairie de construire les routes secondaires pour diminuer les embouteillages. Nous allons orienter des projets en collaboration avec le ministère des travaux publics et autres.
Parlant de l’électricité, elle ne relève pas de notre compétence. Également, le transport ne relève pas non plus de la compétence de la mairie, mais si la commune dispose des moyens, elle peut donner ces genres d’initiatives à des particuliers pour gérer des cars, des bus, afin de diminuer la crise dans le secteur du transport. Pour les logements, on va construire des logements sociaux à moindre coût pour la commune. Nous lutterons aussi contre le logement cher.
Comment comptez-vous mobiliser les moyens nécessaires pour la réalisation de vos objectifs ?
Mes fonds viendront de la subvention de la commune, parce que chaque année, la commune est subventionnée par l’Etat. Ensuite, la recette de la commune à savoir : les taxes journalières dans les marchés, les entreprises, etc.
Avez-vous un autre sujet qui vous tient à cœur mais que nous n’avons pas pas abordé ?
Je pense avoir tout dit.