Le machin des droits humains a présenté, ce jeudi 22 février, au siège du HCDH à Taouyah, la situation des droits humains en Afrique de l’Ouest et du Centre. Selon ce rapport de Amnesty international sur la situation des droits humains dans le monde, qui couvre 159 pays, l’année a été marquée par des homicides, des passages à tabac de manifestants pacifiques, de tortures infligées à des détenus, un recours excessif à la force, des attaques visant les opposants politiques, des défenseurs des droits humains, des organisations de la société civile.  

En Guinée, journaleux et défenseurs des droits humains ont été arrêtés arbitrairement. Au moins, 18 personnes ont été tuées, des dizaines d’autres blessées pendant des manifestations. En février dernier, 7 personnes ont été tuées à Conakry, suite à la grève des enseignants. Les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles pour disperser des manifestants. Le 20 février, la police a interpellé 7 défenseurs des droits humains, membres du mouvement La voix des jeunes, à l’origine d’un sit-in pour demander la réouverture des classes. Même que le 22 août, l’ancien militaire et syndicaliste, Jean Dougou Guilavogui a été interpellé à Cona-cris pour « attroupement illégal » et gardé au frais à l’hotel cinq étoiles de Coronthie sans jugement.

Liberté d’expression

Journaleux et défenseurs des droits humains ont payé le prix fort. En février, une journaliste de la radio Lynx fm,, Mariam Kouyaté a été interpellée à Cona-cris, alors qu’elle enquêtait sur les services de santé à l’hôpital Ignace Deen. En mai, Aboubacar Camara, un cadreur du groupe Gangan a été frappé, par des gen-drames, alors qu’il filmait une altercation au sujet d’un conflit foncier, à Cona-cris.

En juin, la HAC, Haue autorité de la communication, a suspendu Mohamed Mara, un journaliste de la Radio Espace, pour s’être montré « insultant » lors d’un débat sur la polygamie.

En juillet, c’est la télévision nationale qui suspendu son présentateur Alya Camara pour avoir qualifié le taux d’échec au bac de « massacre intellectuel ». Le 27 juin, un journaleux du site Guineematin.com a été interpellé à Lélouma, accusé de « troubles à l’ordre public » pour avoir fait état d’une possible épidémie de choléra. Ce que les autorités avaient qualifié de « fausse nouvelle ». Sadio a été libéré le lendemain.

Le 30 octobre, 4 journalistes du groupe Gangan ont été arrêtés pour diffusion de fausses nouvelle et outrage au chef de l’Etat. Le groupe Gbangban aurait propagé une rumeur annonçant la mort du président Alpha Condé. Au moins 18 autres ont été tabassés par les forces de sécurité pour avoir manifesté, en solidarité avec leurs collègues. Même qu’en juin, l’Assemblée nationale a adopté le nouveau Code de justice militaire, dont la promulgation signifierait l’abolition de la peine de mort.  

Impunité

En février, un capitaine de la brigade anticriminalité de Kipé a été arrêté et inculpé pour actes de tortures commis sur un homme en garde à vue. Les faits remontaient à mars 2016. Au moins dix autres policiers et gendarmes compris ont été suspendus à la suite de ces faits, mais aucun n’a été déféré devant un juge. En mars, le Sénégal a extradé Aboubacar Diakité, ‘’Toumba’’ pour qu’il réponde d’actes d’accusations dans le dossier du massacre du 28 septembre 2009, à Cona-cris. En septembre, un collectif de victimes a intenté une action contre Sékouba Konaté qui avait été ministre de la Défense nationale lors du massacre en 2009. D’autres procédures engagées contre les forces de sécurité pour des violations des droits humains commises à Conakry entre 2001 et 2017, et à Zogota en 2012 et Womey en 2014 n’ont pas prospérés.  

Ce rapport est publié dans un contexte électoral tendu en Guinée. Les appels à la haine ethnique, régionaliste se multiplient. Responsables de partis politiques, citoyens et même des sinistres s’en donnent à coeur joie. Autant dire qu’Amnesty International risque d’avoir beaucoup à dire, dans son prochain rapport.