« N’est-il pas temps de réexaminer notre politique ? » C’est le thème d’une conférence animée par Ismaël Condé, prof de sociologie à la retraite, ce jeudi 15, février, à la maison de la paresse. A l’entame, il a regretté les violences postélectorales survenues à Cona-cris et à l’arrière bled. Emu par le taux d’abstention et le nombre élevé de bulletins nuls lors des communales du 4 février, M. Condé croit que la raison ne se situe pas ailleurs. Pour lui, cela constitue « l’expression de la déception sur la manière dont la politique est exercée en Guinée. » La politique telle qu’elle est pratiquée dans le pays ne vise qu’à obtenir des sous. C’est pourquoi, ajoute-t-il, elle est exercée dans une ambiguïté qui ne dit pas son nom, car dans les laïus, l’éthique a fini par plier bagage pour céder la place à l’incitation : « La classe politique guinéenne est dominée par la vulgarité, l’inconstance, l’incitation à l’ethnocentrisme, à la violence, à la transhumance et à la divagation politique». Sinon, comment comprendre des individus qui « de façon délibérée, haïssaient un leader politique hier et aujourd’hui, totalement à l’aise, se mettent à louer les mérites ». Où est la dignité ? s’interroge-t-il.
Selon des observateurs, l’après-élection en Guinée est souvent émaillée de violences. Une attitude que le pays devrait se départir maintenant, selon Ismaël Condé qui préconise : «Il faut que la classe politique se retrouve pour débattre avec patriotisme du thème : sur comment extraire la vie politique nationale à la violence». Et toc.
Depuis le 3 avril 1992, la Guinée est dans le multipartisme. Une transition qui, selon le conférencier, est « une imposition des occidentaux. Mais elle continue à être fatale pour les pays africains. Le syndrome guinéen est encore palpable. Par la politique du multipartisme imposé à notre pays, on a creusé l’ethnocentrisme entre nous », indique le sociologue.