La crève lancée par le “rebelle” Soumah et Cie est entrée dans sa troisième semaine. Plus le temps passe, plus le mouvement s’enlise et prend des proportions inquiétantes. Au lendemain d’une journée mouvementée dans la ville de Cona-cris, la quasi totalité des écoles de la capitale sont portes closes. Exception faite de quelques écoles privées dont les petits intellos laissent les uniformes à la maison. Au lycée Sangoyah dans la commune de Matoto, seuls quelques petits intellos qui seront “affrontés” aux examens en fin d’année font des séances de répétition. Point de bouffes-la-craie, pourtant dans cette école les responsables avaient tenté d’ignorer la crève dès les premiers jours en forçant la situation. Mais eux-même sont désormais conscients de leur impuissance face à l’ampleur du mouvement : « C’est le terrain qui a commandé » a dit un surveillant. Tout près au collège, pas un chat. Seuls le principal et le directeur des études gardent la boutique. Idem dans les collèges et lycée Bonfi. Là, les salles de classes ne sont même pas ouvertes. Bouffes-la-craie et petits intellos ne se sont pas dérangés et les encadreurs somnolent sous les manguiers. Le proviseur ne cache plus son inquiétude : « Nous sommes là à ne rien faire. Je suis inquiet parce que je n’ai jamais vu l’école dans une telle situation. Nous n’avons de nouvelles ni du ministère ni des grévistes. Tout est au point mort, on ne peut pas continuer dans cette situation ». D’un ton ironique, un bouffe-la-craie déclare : « Comme nous n’avons rien à faire nous sommes venus surveiller les mouches et les arbres pour ne pas s’attirer les foudres du ministre K2. Mais nous sommes solidaires à 150% à la grève. Quand tu danses avec un aveugle il faut le piétiner des fois pour qu’il sache que tu es là. Nous sommes les oubliés de la République, nous allons prendre notre destin en mains ».

Un tête-à-tête est annoncé dans l’après-midi entre Soumah et le prési Alpha Grimpeur pour tenter d’aplanir les divergences. Même si le Grimpeur avait qualifié Aboubacar Soumah de rebelle et la crève d’illégale: « Il a intérêt à tirer le maximum de profits de cette rencontre et de satisfaire nos revendications. Sinon il va gérer tout seul les conséquences parce que cette fois-ci les enseignants sont déterminés à aller jusqu’au bout » explique un encadreur trouvé seul au lycée 1er Mars de Matam où les bambins du quartier jouaient au foot dans la cour.