C’est un camion benne qui a percuté un taxi au carrefour Hamdallaye, à l’entrée de la ville. Les deux victimes sont mortes sur place. Provoquant la colère de la jeunesse. Laquelle a mis le feu sur le camion.
Cet accident a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase dans une ville où, désormais les habitants veulent en découdre avec les sociétés minières accusées de tous les maux dont souffrent les habitants de la région.
Après avoir mis le feu sur le camion, dont le chauffeur a pris la poudre d’escampette, les jeunes barricadent la route pendant une bonne partie de l’après-midi. C’est au bout de quelques heures que les forces de l’ordre, aidées par les sages, parviennent à convaincre les jeunes d’accepter de libérer la route. Drôle de négociation et d’accord, les jeunes acceptent d’ouvrir la route aux véhicules légers. Les camions eux restent et demeurent interdits de circulation.
Au moment où nous sommes parvenus à nous frayer un chemin, le camion benne dégageait encore une fumée noire dans le ciel de Kamsar. Sur les lieux, il y avait des traces de pare-brise volés en éclat. Dans la foulée, certains expatriés, sachant qu’ils constituent une cible des manifestants, sont descendus de leurs grosses cylindrées pour trouver refuge dans des concessions privées.
D’autres ont confié leur voiture chez des amis, connaissances ou là où c’est possible, pour prendre un taxi-moto et se confondre à Monsieur tout-le-monde. Ce fut une demi-journée folle durant laquelle le riche enviait le pauvre pour une fois.
Il était préférable d’avoir une moto voire être à pied que d’avoir une voiture. Surtout un pick up appartenant à une société. Pour quelqu’un qui a quitté Conakry où pour sortir il faut désormais se renseigner pour savoir quelle voie il faut emprunter et quelle autre il faut éviter, aller en mission à l’intérieur du pays signifie vivre un moment de répit. Tant l’anxiété à laquelle on est soumis en permanence à Conakry est insupportable. Quitter l’enfer de la capitale et se retrouver à l’intérieur du pays devait faire oublier les soucis. Malheureusement ce fut tout le contraire ce mardi.
Le paradis de Kamsar a failli devenir pire que l’enfer de Conakry. La capitale était décrétée ville morte par l’opposition. La journée promettait d’être des plus agitées. Du coup on ne se fait pas prier pour effectuer une mission à Kamsar. Mais pour une fois Conakry était mieux loti. Car dans la capitale on peut changer d’itinéraire. Ce qui n’est pas possible pour Kamsar.
Véritablement, la Guinée a plus que jamais besoin de la restauration de l’autorité de l’Etat. Mais on ne le dira jamais assez, cette restauration de la primauté de la loi passe par une justice équitable pour tous.
Habib Yembering Diallo