Les jeunes de Dabola ont battu le pavé, ce lundi, pour protester contre le démantèlement programmé de l’huilerie de Dabola. Ils veulent sauver leurs emplois et un symbole de « souveraineté ». Les investisseurs, eux, sont obligés de mettre la clé sous le paillasson, faute de matière première (arachide) pour tourner continuellement. Parait que les souris sont passés par là et ont tout mangé. L’Etat guinéen, avec son ministère de l’Industrie où trône Bouba « Big-up » Barry, peine à aider les paysans.

Ce matin, les jeunes ont décidé de bloquer l’accès à la préfecture et le temps que le préfet règle le problème. « Les autorités ont appris notre plan et ont anticipé. Le préfet a fait boucler l’enceinte avant notre arrivée », nous dit Ismael Kouyaté, travailleur à COPEOL-Guinée, l’entreprise qui gère l’usine. Cependant, ils ont eu le temps d’expliquer au préfet de Dabola l’objet de leur colère et lui ont demandé de transmettre le message à qui de droit.

Pour avoir été empêché, les jeunes ont versé leur colère sur les passagers en partance pour Cona-cris ou Kankan. De 9h à 13, la route était bloquée. La file d’attente grossit, grossit, grossit. « Comme c’est le Ramadan, les gens sont fatigués, on a eu pitié d’eux, et on a libéré le passage ». Vers 14heures, selon M. Kouyaté, lui et son groupe ont rejoint leurs domiciles.

En 2011, les actifs de l’usine ont été cédé à 100% au groupe COPEOL, dit Boubacar Barry « Big –Up », ministre de l’industrie et des PME. Cependant l’Etat s’est engagé à créer les conditions pour favoriser la production agricole pour approvisionner l’industrie.

Paysans dépaysés

L’huilerie n’a pas eu le minimum de matière première (arachide) pour fonctionner. L’unité s’est arrêté. Pour le moment, le ministre Bouba Barry dit n’avoir pas été saisi du démantèlement de l’unité industrielle, mais si c’est le cas, la Guinée n’accepterait pas que l’usine soit démantelée pour être affectée à un pays voisin ou quelconque. « Nous trouvons le mécanisme qu’il faut pour trouver une solution pour relancer l’usine ».  Ce que le ministre n’a pas expliqué, c’est ce que l’Etat fait pour assurer la production d’arachide et approvisionner l’usine. Si l’Etat n’assiste pas les paysans, il leur est difficile d’assurer une production de 150 tonnes d’arachide par jour. Arrivée en 2013, COPEOL a saisi le président Condé en 2017, pour l’aider à faire tourner l’usine continuellement. Ce que l’Etat aurait accepté en demandant une proposition de convention à COPEOL, lequel qui a pondu le doc dans lequel il a demandé à l’Etat de prendre part au capital de l’entreprise pour sa survie. A date, selon M. Kouyaté, l’Etat n’a pas bronché. Le 9 mai, la direction de COPEOL annonce à ses employés, ainsi qu’au préfet, et au président de la République, la fermeture de l’unité industrielle. S’il n’y a pas d’arachide, l’usine est appelée à fermer.

Si M. Kouyaté ne nie pas le problème d’approvisionnement, il explique cependant que l’Etat a coupé son aide aux paysans. D’habitude, il donne les semences, les engrais et les herbicides. En 2016, pour la première fois, l’Etat a même donné plus de 3 milliards de francs guinéens aux paysans, ce qui aurait permis de produire 1 829 tonnes d’arachides-coques. Quantité que l’usine a transformé en seulement 3 semaines. Il a fallu attendre l’an suivant pour tourner encore. Les responsables de COPEOL ont jugé nécessaire de fermer pour sauver les meubles. Dès le 9 mai, la direction a commencé à démanteler la plateforme, du moins les accessoires, pas la machinerie lourde.

Aux responsables, M. Kouyaté supplie que chacun d’eux pèse de tout son poids pour ne pas que cette usine ferme. Au président de la République « de signer la convention avec COPEOL, et de tenir les engagements. Ce sont ses enfants qui souffrent, qui pleurent. L’usine est un symbole de la souveraineté. A part ceux qui sont en congé technique, il y a 17 travailleurs à temps plein ».

Quand l’affaire a pris une mauvaise tournure, le préfet a envoyé des gendarmes pour dissuader les ouvriers qui démantèlent et interdit l’accès au site au directeur et aux autres responsables.

En attendant, les jeunes réfléchissent à d’autres stratégies pour se faire entendre et sauver leurs emplois.