Les greffiers guinéens déclenchent une grève générale à partir du 8 juin. Ils réclament l’application pure et dure de leur statut particulier, signé par le Prési Alpha Grimpeur en août 2016. Revalorisation salariale, paiement de primes et indemnités, obtenir la hiérarchie A de la fonction publique et tout et tout. Tamba Ouendouno, l’un des 5 signataires leaders du mouvement explique : « Dans l’ancien statut, les greffiers étaient recrutés avec le niveau Bac. Avec le nouveau, c’est avec la Licence, cela nous donne droit d’être dans la Hiérarchie A de la fonction publique, conformément au statut général des fonctionnaires. Il y a des anciens, nous réclamons qu’ils soient eux aussi dans la hiérarchie A, avant qu’ils partent à la retraite avec la hiérarchie B. L’article 3 de notre statut particulier dit que tous les greffiers et greffiers en chef doivent être dans la hiérarchie A ».
Les greffiers demandent également la mise en place de la Commission administrative paritaire, leur conseil de discipline. « Il ne faut pas que les greffiers soient sanctionnés arbitrairement », dit-il. Et aussi la formation professionnelle continue, comme indiqué dans le statut particulier.
Selon Ouendouno, les greffiers sont obligés de débrayer pour réclamer leur droit, une autre grève avait été déclenchée et suspendue en mai 2016. C’est suite à ce bras de fer que le Prési Alpha Grimpeur avait signé le statut particulier, le couteau à la gorge. « Nous sommes 130 greffiers pour toute la Guinée. Il y a un déficit criard, parce que pour un million d’habitants il faut 100 greffiers. Il y a 50 élèves greffiers dans le centre de formation judiciaire, mais ils sont d’abord élèves ». Sur les 130 greffiers, 92 ont émargé la pétition des grévistes. Et parmi les restants, il y a des indécis, dit Ouendouno qui pense qu’ils vont rejoindre le mouvement.

Quel rôle joue les greffiers dans la chaine judiciaire ?

Dans la chaine de la justice, les greffiers sont les garants de toutes les procédures judiciaires. Tant qu’ils ne siègent pas, il n’y a ni audience, procès ou jugement. Ensuite, c’est eux qui gardent toutes les preuves de la justice, contre les prévenus (ce sont les « scellés ») et conservent tous les documents de la justice. « Le greffier enrichit l’Etat guinéen. Tous les frais que les individus paient pour avoir des casiers judiciaires, des certificats de nationalité, jugements supplétifs, etc. c’est eux qui les établissent et versent l’argent au Trésor public ». Et tous les actes de la justice sont délivrés par le greffier. Ouendouno redoute en cas de grève que toute la chaine soit bloquée. « Ce sera une violation des droits de l’Homme. Si on enferme quelqu’un sans le juger, c’est une violation de ses droits. Et si nous nous retirons, il n’y aura pas procès ».
Les greffiers estiment avoir été lésés, ainsi que les gardes pénitentiaires, les deux corps dont le statut particulier peine à être appliqué, alors que celui des magistrats est entré en vigueur. Cette fois, pas question de suspendre la grève, surtout que l’article final du statut dit qu’il entre en vigueur à compter de sa signature (3 aout 2016, ndlr). Seulement depuis, c’est silence et rideau.