L’humanité célèbre la fête internationale du travail ce 1er mai. En Guinée, travailleurs des secteurs public, privé et mixte, affiliés aux centrales syndicales CNTG-USTG se sont retrouvés au palais du peuple pour fêter ce 132e anniversaire en beauté. Des cadres (en bois) des différents mystères, des régies financières, des institutions bancaires, les transporteurs et ceux des autres secteurs ont défilé pendant de longues heures dans l’esplanade du Palais du peuple. Devant le PM Mamady You-you, le ministre du Travail Damantang-tangue Cas-marrant, l’inspecteur général du travail, l’Amadoué de la CNTG et Louis Bemba Soumah de l’USTG. L’événement était placé par les syndicaleux sous le signe du dialogue social au service du travail décent. Mais dans cette célébration, les conditions de vie des travailleurs n’ont été que très peu évoquées. La dernière crève du SLECG était sur toutes lèvres. Seules quelques dénonciations des comportements de certains employeurs : « L’inter-centrale est dans l’obligation de dénoncer à nouveau l’impunité et le comportement déloyal de certains employeurs qui violent quotidiennement nos lois et règlements. Les licenciements abusifs, les harcèlements de tout genre, la stigmatisation, l’opposition à toute syndicalisation des travailleurs dans certaines entreprises. Ces maux persisteront tant qu’une gouvernance vertueuse n’est pas instaurée » s’exclame le patron de la CNTG. Pour le reste, les laïus ont été subtilement orientés vers la crève qui a paralysé le secteur éducatif guinéen en février dernier. Le ministre Damantang et son premier ministre ont montré qu’ils gardent toujours en travers de la gorge le mouvement déclenché par Soumah et Cie : « Le dialogue social a connu des soubresauts inhabituels, avec des conséquences inquiétantes pour les acquis sociaux enregistrés ces dernières années. Le gouvernement réaffirme sa disponibilité à favoriser le rétablissement d’un cadre de dialogue structuré et animé par des acteurs légaux et légitimes. Ceux et celles qui devront parler au nom des travailleurs devront avoir la carrure, la compétence et la sagesse nécessaires à la fois pour protéger le travailleur et préserver l’outil de travail. Devant des travailleurs aussi nombreux à gérer, les discours populistes n’ont pas de place ». Mamady You-you en remet une couche : « Notre pays a malheureusement et une fois de plus été perturbé par des mouvements syndicaux parfois incontrôlés. Des avancées majeures ont été remises en cause mais des équilibres fragiles ont été obtenus au prix de grands sacrifices. Voici tous les paradoxes de notre environnement social, qui met face-à-face des responsables sociaux qui selon les circonstances font prévaloir soit la raison, soit d’autres motivations qui ne concourent pas toujours à ramener la quiétude sociale. Il faut donc que la voix de la responsabilité remporte et qu’à l’avenir les travailleurs n’aient plus à souffrir de problèmes internes aux organisations, qu’elles soient syndicales ou patronales. Le combat que nous menons aujourd’hui est un combat de développement et nous devons veiller à ne pas tuer le travail ». Le PM n’a également pas apprécié le fait que les travailleurs n’aient pas attendu les allocutions. Il n’a pas hésité à demander aux responsables syndicaux de tout faire prochainement pour garder les travailleurs jusqu’à la fin de la célébration. Il faut dire que Mamady You-you et compagnie ont fait leur adresse dans une esplanade pratiquement vide. N’empêche, les syndicaleux ont adressé un certain nombre de doléances au goubernement. C’est entre autres la création avant fin 2018 du tribunal administratif ; le paiement des pensions des retraités au même moment que les salaires des actifs ; l’augmentation des pensions de retraite concomitamment à chaque augmentation de salaire, l’ouverture immédiate des négociations entre les directions et les syndicats dans les entreprises privées et mixtes suite au protocole d’accord de 2017 ; l’accélération de reprise des entreprises fermées ; la mise en œuvre rapide du projet des logements sociaux en faveur des travailleurs ; la protection du consommateur guinéen ; la révision à la hausse du SMIG de 440 000 à 1 200 000 millions de francs guinéens.